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Ce générateur Oyster (huître) qui convertit l’énergie des vagues en électricité fera partie des projets qui visent à exploiter l’énergie des mers aux abords des îles Orcades, en Ecosse. © Aquamarine Power
Britannia, rules the waves ! L'hymne officieux du Royaume-Uni pourrait bien prendre un nouveau sens avec le lancement de grands projets visant à capturer l'énergieénergie des vagues, de la houle et des maréesmarées. L'Ecosse, en effet, compte bien surfer sur le développement des énergies des mers.
Les îles Orcades, qui accueillent le centre européen des énergies marines (European Marine Energy Centre, Emec), sont l'une des zones européennes où le potentiel des énergies des vagues et des marées est la plus forte. A la rencontre de l'Océan Atlantique et de la tumultueuse Mer du Nord, les vagues ont deux mètres de creux en moyenne et peuvent dépasser les dix mètres. Selon l'organisation gouvernementale Carbon Trust, les énergies marines pourraient subvenir pour 15 à 20% des besoins du Royaume-Uni.
Achèvement de deux ans de procédures d'appel d'offre, les sites qui accueilleront aux abords des Orcades dix grands projets d'énergie marine viennent d'être attribués. Les quatre projets d'exploitation de l'énergie des marées et les six d'exploitation de l'énergie des vagues totaliseront une production de 1,2 gigawatt, soit plus que les 700 mégawatt requis par l'appel d'offre.
Pour le secteur des énergies marines, ces projets représentent le passage de la phase des pilotes à celui du déploiement à grande échelle. Les travaux de ces projets aux technologies très variées (serpent de mer Pelamis, hydrolienne, etc.) devraient débuter en 2013.
Le serpent de mer Pelamis exploite l’énergie des vagues et de la houle. © Pelamis Wave Power
L'énergie des mers face à l'océan et à la finance
Ce nouvel élan est un triple défi pour les industriels. Un défi technique d'abord, car ce sera une véritable épreuve du feufeu, ou plutôt de l'eau, pour la résistancerésistance des équipements. Cette zone maritime très tumultueuse mettra à rude épreuve les différentes installations. Certaines réalisations précédentes ont en effet déjà démontré que l'on sous-estime facilement la puissance des éléments, à coup (coût ?) de rotors d'hydroliennehydrolienne brisés.
Défi environnemental ensuite. Le Royaume-Uni vient en effet de soumettre les projets d'énergie marine aux procédures d'étude d'impact environnemental. Chaque site doit faire l'objet d'une évaluation environnementale et d'une analyse de l'impact de la technologie mise en place. Au-delà des volets énergétique et économique, tous les projets ne seront pas égaux. Par exemple la technologie Oyster Wave Pump, sans turbine sous-marine, devrait selon McAdam, PDG d'Aquamarine Power, avoir un impact minime.
Défi financier enfin. Le passage du stade des centrales pilotes à celui plus conséquent d'un déploiement à grande échelle est très coûteux. Seul un déploiement industriel par la suite permettra aux sociétés de rentrer dans leurs fonds, mais cette étape est essentielle pour la crédibilité des projets. Les différents projets pourront tout de même compter sur le soutien technique de l'Emec et sur des dispositifs fiscaux en faveur des énergies marines.
Par la suite, si les différents projets démontrent leur faisabilité technique, environnementale et financière, ils pourraient alimenter le Royaume-Uni et émigrer ailleurs dans le monde, comme les éolienneséoliennes en leur temps. A titre d'exemple, les énergies marines pourraient alimenter 10% des besoins des Etats-Unis. Selon l'Electric Power Research Institute (EPRI) le coût de l'énergie marine devrait être comparable à celui de l'éolien terrestre.