Depuis quelques jours, les médias se sont emparés de l’affaire des sangliers morts sur les plages bretonnes. Les algues vertes sont pointées du doigt et pourtant, rien n’est encore sûr. Décryptage d’une affaire qui fait fi de la présomption d’innocence.

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    Les algues vertes sont-elles responsables de la mort des 28 sangliers dans les Côtes-d'Armor ? © Superno, DR

    Les algues vertes sont-elles responsables de la mort des 28 sangliers dans les Côtes-d'Armor ? © Superno, DR

    Depuis le début de l'été, vingt-huit sangliers sont morts dans des circonstances inconnues sur les plages des Côtes-d'Armor en Bretagne. Hier, dix-huit de ces bêtes ont été retrouvées sur une plage dans l'estuaire de Gouessant que se partagent les communes de Hillion et Morieux.

    Hillion, c'est une petite commune des Côtes-d'Armor qui s'était rendue célèbre suite au phénomène des marées vertes. La coïncidence entre ce phénomène et la mort des sangliers est troublante, assez pour que certains n'hésitent pas à désigner les algues vertes comme responsables.

    Contexte

    Depuis trente ans, des algues vertes viennent se déposer sur certaines des plages bretonnes. Des milliers de tonnes chaque année. Il y a deux ans, en août 2009, ce phénomène avait été fortement médiatisé suite à la mort d'un cheval sur la plage de Saint-Michel-en-Grèves.

    Les cyanobactéries pourraient être à l'origine de la mort des sangliers sur les plages bretonnes. © <em>Argonne National Laboratory</em>, Flickr, CC BY-NC-SA 2.0

    Les cyanobactéries pourraient être à l'origine de la mort des sangliers sur les plages bretonnes. © Argonne National Laboratory, Flickr, CC BY-NC-SA 2.0

    Des analyses avaient montré que les algues, qui dégagent un gazgaz toxique - l'hydrogène sulfuréhydrogène sulfuré - lors de leur décomposition, étaient responsables de la mort du cheval et de l'intoxication du cavalier. Aujourd'hui, les associations écologistes n'hésitent pas à incriminer les algues vertes dans l'affaire des sangliers morts.

    Décryptage : les différents suspects

    Mais qu'en est-il vraiment ? Pour les deux premiers sangliers, morts en mai dernier, les algues sont hors de cause. L'autopsieautopsie a révélé qu'un étouffement, conséquence de l'obstruction des voies respiratoires par la vase, étaient à l'origine de la mort des bêtes.

    Pour les six sangliers découverts le 23 juillet, les résultats des analyses sont moins tranchés. Oui, les voies étaient également obstruées par de la vase, mais les scientifiques ont également détecté des œdèmesœdèmes pulmonaires et une congestion des méningesméninges sur quatre des six sangliers, laissant ouverte la piste des algues vertes.

    Enfin, concernant la mort des dix-huit sangliers découverts hier, plusieurs pistes méritent d'être investiguées. Celle, bien sûr, de l'étouffement, celle des algues vertes et celle de l'empoisonnement volontaire. Les sangliers sont en effet des animaux nuisibles pour les cultures et sont dans la ligne de mire des agriculteurs.

    Une autre piste est également suivie, celle des cyanobactéries (des microalgues) qui ont été retrouvées en quantités importantes dans les eaux environnantes, selon les premières analyses. Si les algues sont différentes, les causes de leur prolifération restent néanmoins les mêmes.

    Quoi qu'il en soit les analyses sont en cours et les premiers résultats seront connus dans les prochains jours.