Le rôle des castors sur le climat est plus complexe que ce qu'on croyait jusqu'à maintenant : s'il est largement positif dans certaines régions du monde, il peut être négatif dans d'autres lorsque la hausse des températures s'en mêle. C'est justement pour comprendre le rôle étonnant des castors dans l'environnement que les satellites surveillent désormais ces rongeurs et leurs déplacements.


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    Le castor est considéré comme l'animal le plus important du monde dans la lutte contre le réchauffement climatique, et pour l'atténuation des catastrophes météométéo. Véritable « ingénieur des écosystèmes », comme l'appellent les scientifiques, le rongeur est connu pour limiter le risque de sécheresse et d'inondations, mais pas seulement. Les petits bassins d'eau qu'il créé avec ses barrages permettent, non seulement de fournir un habitat à d'autres espèces, mais aussi de séquestrer du dioxyde de carbonedioxyde de carbone, et donc de lutter contre le réchauffement climatiqueréchauffement climatique.

    En proie à de nombreuses catastrophes météo, la Californie a d'ailleurs investi 1,5 million de dollars pour sa réintroduction dans l'État en 2022. L'animal a été chassé à outrance dans l'ouest américain depuis l'installation des premiers colons, pour sa fourrure et sa viande, mais aussi car les habitants le considéraient comme un nuisible, ignorant son rôle indispensable.

    Les castors sont désormais surveillés par Google

    Mais pour mieux comprendre leur rôle sur l'environnement, les scientifiques ont besoin de savoir combien ils sont et quels sont leurs déplacements à travers l'ouest sauvage américain. La plupart des castors se trouvent en effet dans des zones reculées, ils sont donc invisibles. Voilà pourquoi les chercheurs de Nature Conservancy se sont associés à des ingénieurs de GoogleGoogle dans le but de repérer leur nid et leurs barrages depuis l'espace grâce à un algorithme.

    Un rapport sur les premiers résultats de l'outil, baptisé EEAGER, a été publié en mai 2023 : 13 000 images satellites capturées à travers 7 États américains ont permis de repérer des barrages de castors, et 56 000 autres images aucun barrage. Des équipes ont ensuite été dépêchées sur le terrain pour vérifier l'existence de ces barrages, et l'outil a vu juste dans 98,5 % des cas.

    Un barrage de castor permet d'humidifier les terres aux alentours sur plusieurs dizaines à plusieurs centaines de mètres. © krstrbrt, Adobe Stock
    Un barrage de castor permet d'humidifier les terres aux alentours sur plusieurs dizaines à plusieurs centaines de mètres. © krstrbrt, Adobe Stock

    La migration des castors vers le nord n'est pas une bonne nouvelle pour le climat

    La surveillance par satellite va devenir de plus en plus importante pour contrôler les déplacements des populations de castors sur des zones bien étendues qu'avant. Des chercheurs étudient actuellement les migrations de ces rongeurs vers le nord, en raison du changement climatique. Les castors ont commencé à investir l'ArctiqueArctique, au nord de l'Alaska et du Canada, des territoires où ils étaient très peu présents avant : le nombre de barrages et bassins construits par les castors a plus que doublé en 20 ans. Les territoires sont de moins en moins englacés, permettant aux castors de s'installer dans les rivières.

    Les castors peuvent désormais vivre en Arctique à cause de la fonte des glaces, ce qui perturbe tout l'écosystème. © ss404045, Adobe Stock
    Les castors peuvent désormais vivre en Arctique à cause de la fonte des glaces, ce qui perturbe tout l'écosystème. © ss404045, Adobe Stock

    Or, les castors modifient un écosystème arctique qui n'était, à la base, pas prévu pour eux. Car si le réchauffement climatique présent en Arctique attire les castors, ces derniers aggravent à leur tour le réchauffement de la zone : c'est ce qu'on appelle une boucle de rétroaction. Les bassins construits par les castors inondent des terresterres qui n'en avaient pas besoin (contrairement à celles de Californie). De plus, cette eau, accumulée dans de petits bassins, est plus chaude, elle fait alors fondre le sol qui libère encore plus facilement le méthane contenu dans celui-ci. Or, le méthane est un gaz à effet de serregaz à effet de serre réchauffant. Les mesures satellitaires de la NasaNasa ont permis de confirmer le fait que des émissionsémissions de méthane se produisent sur des dizaines de mètres autour des bassins de castors.

    La question sur l'éventualité d'une intervention humaine pour limiter le nombre de castors en Arctique sera d'ailleurs étudiée en février lors du rassemblement annuel du collectif d'observation sur les castors d'Arctique.