« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, partons à la découverte d’un mal-aimé : le rat.


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    Le rat. Il n'a généralement pas bonne presse. Sans doute parce que nous gardons dans notre mémoire collective, le souvenir de ces terribles épidémies, de pestepeste notamment, qu'il a répandues à travers le monde au cours de notre histoire. Et parce que le petit opportuniste aime s'attaquer à nos réserves de nourriture.

    Pourtant, il faut le savoir, le rat n'est pas toujours aussi nuisible qu'on l'imagine. En ville, par exemple, il dévore nos déchets qui, sans cela, viendraient boucher les égoûts. Il se dit qu'à Paris, les rats éliminent ainsi jusqu'à 800 tonnes d'ordures par jour !

    Dans certains pays, des rats ont même été entraînés à des tâches surprenantes. Du côté du Mozambique, des rats géants de Gambie -- dont les populations humaines locales apprécient également beaucoup... la viande -- ont ainsi appris à détecter les mines. Parce que les rats ont un odoratodorat particulièrement fin. Et ils ont l'avantage sur les chiens de savoir travailler de manière plutôt indépendante tout en étant très faciles à transporter d'un champ à l'autre. Mais surtout, de ne pas peser suffisamment lourd pour déclencher d'explosion pendant qu'ils jouent aux démineurs. Dans le même esprit, la police scientifique hollandaise fait appel à des rats des plus classiques pour trouver des résidus de poudre.

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    Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt, à nos rats amateurs de cache-cache. Savez-vous que, comme nos enfants humains, de nombreux animaux aiment jouer ? Les chats et les chiens, bien sûr. Les dauphins, les loutres, les corbeaux et les crocodiles également, nous apprennent les chercheurs. Notez que, pour les scientifiques, le jeu correspond à une action spontanée et volontaire. Ils parlent d'activité récréative volontaire.

    Pour le plaisir de jouer

    Pour en savoir plus sur cette attirance pour le jeu, des chercheurs ont voulu apprendre à des rats à jouer à cache-cache. À six jeunes rats qu'ils ont d'abord apprivoisés. En les caressant, en les pourchassant et en les chatouillant. Il parait qu'ils adorent ça. Les chercheurs ont ensuite appris aux rats le rôle de celui qui cherche. Sans trop de difficulté. L'apprentissage du rôle de celui qui se cache a été plus laborieux. Mais le tout s'est fait avec pour seule récompense, quelques gratouilles de la part de leurs complices humains.

    Il n'aura finalement pas fallu bien longtemps pour que les rats se prennent effectivement au jeu. Tant du côté de ceux qui cherchent que du côté de ceux qui se cachent. Ils ont appris à respecter les règles. Ils ont appris à chercher les humains après avoir été placés dans une boîte opaque. Ils ont aussi appris qu'une boîte opaque constitue une cachette plus sûre qu'une boîte transparente.

    Certains rats ont même appris à changer de cachette en cours de jeu pour échapper à l’humain qui les cherchait

    Ils ont même appris à chercher des indices de leurs yeux de rats malicieux et ont retenu les anciennes cachettes de leurs partenaires de jeu humains. Et, faisant preuve de capacités cognitives supérieures en imaginant le point de vue de l'autre, certains rats ont même appris à changer de cachette en cours de jeu pour échapper à l'humain qui les cherchait.

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    Pendant toute la duréedurée de la partie, les rats ont émis des cris de joie -- sauf lorsqu'ils étaient cachés et qu'ils ne devaient pas se faire remarquer, une autre preuve que les rats ont la capacité de considérer le point de vue de l'autre -- et montré leur satisfaction par de petits sauts caractéristiques. Finalement, le plus étonnant dans tout cela, c'est peut-être bien que les rats aient eu autant envie de jouer avec des humains. Même si cela reste encore à démontrer plus précisément. En remplaçant les humains par des poupées, par exemple.

    La raison profonde pour laquelle les rats se sont à ce point engagés dans les parties de cache-cache qui leur étaient proposées reste encore floue. Certains estiment qu'ils ne pensaient qu'à la récompense qui les attendait. D'autres veulent croire que, comme le feraient nos enfants, les rats ont agi de manière totalement désintéressée. Par pur plaisir du jeu. Une hypothèse intéressante et qui semble vouloir être validée par le comportement des rats au fil des expériences. Quoi qu'il en soit, il semblerait bien que le rat ne soit effectivement... pas si bête !

    Bêtes de Science - Le podcast

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    Le rendez-vous audio de l'intelligence animale ! À retrouver toutes les deux semaines.

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