Si nous connaissons bien les grands sites classés à l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, la Terre a désormais aussi sa liste de géosites reconnus comme patrimoine géologique. Parmi les cent sites dévoilés en octobre 2022, trois sont d’ailleurs français.


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    En octobre 2022, a eu lieu une grande conférence organisée par l'IUGS (International Union of Geological Sciences) et l'Unesco, dont le but était d'élire 100 premiers sites au patrimoine géologique de la Terre. L'idée n'est pas nouvelle et date des années 1990. Il s'agissait alors de développer une liste de sites géologiques présentant un intérêt scientifique particulier d'un point de vue international. L'objectif de ce programme est d'aider à la préservation de ces sites géologiques d'exception, de favoriser le géotourisme mais également les activités éducatives en lien avec notre patrimoine géologique.

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    Le programme vise également à promouvoir la géodiversité terrestre, et à montrer que des processus géologiques complexes lient cependant chaque parcelle de la surface de notre Planète. Cette diversité des sites géologiques intègre d'ailleurs l'idée de biodiversité car géosphère et biosphère sont intimement liées et s'organisent en des systèmes d'interactions complexes.

    Des sites ayant contribué de manière significative à l’étude de notre Planète

    Pour être élu au patrimoine géologique de la Terre, les sites candidats doivent représenter des endroits clés comprenant des éléments géologiques ou être en lien avec des processus d'importance scientifique majeure et internationale. Ils doivent communément être utilisés comme des sites de référence par la communauté scientifique ou avoir contribué de manière substantielle au développement des sciences géologiques et à notre compréhension de l'histoire de la Terre.

    Sur un total de 181 candidats, 100 premiers sites ont ainsi été élus. Ils sont distribués à travers le monde dans 56 pays différents. Dans le futur, d'autres sites viendront certainement implémenterimplémenter cette liste. La carte et la liste présentant les 100 géosites sont consultables sur le site de l’IUGS. Parmi eux, de très nombreux sites en Europe, dont 2 sites en France métropolitaine et 1 site en Guadeloupe.

    En France métropolitaine, ce sont la dalle aux ammonites de Digne-les-Bains et les volcans du Puy-de-Dôme et du Petit-Puy-de-Dôme qui sont élus au patrimoine géologique de la Terre.

    Trois sites français parmi les 100

    • La dalle aux ammonites est ainsi reconnue au niveau mondial pour son exceptionnelle et spectaculaire concentration de fossilesfossiles d'ammonites datant du début du JurassiqueJurassique. Ce site emblématique du Géoparc de Haute-Provence constitue d'ailleurs une référence internationale pour ce niveau stratigraphique (biohorizon à Coroniceras multicostatum, Sinemurien inférieur). C'est le premier endroit où des variabilités au sein d'espècesespèces d'ammonites datant du début du Jurassique ont pu être étudiées, permettant de mieux comprendre l'évolution de la faunefaune de la TéthysTéthys méditerranéenne, ancienne mer qui occupait l'espace avant la formation des Alpes.
    Détail de la dalle aux ammonites de Digne. © <em>Banco de Imagenes Geologicas</em>, Flickr
    Détail de la dalle aux ammonites de Digne. © Banco de Imagenes Geologicas, Flickr
    • Le Puy-de-Dôme, situé en Auvergne, représente, quant à lui, un site volcanique emblématique de la chaîne des Puys, déjà inscrit au patrimoine de l'Unesco. Historiquement, c'est l'un des premiers sites à avoir été reconnu comme un volcan éteint et où les séquences des éruptions volcaniqueséruptions volcaniques ont été clairement décrites, de même que les processus de dépôts et d'érosion associés. L'intérêt des scientifiques à son égard date ainsi du XVIIIe siècle et il s'agit désormais d'une référence mondiale dans les domaines des géosciences, de la physiquephysique et des sciences atmosphériques.
    Le puy de Dôme. © reservoircom, Fotolia
    Le puy de Dôme. © reservoircom, Fotolia
    • En Guadeloupe, dans les Petites Antilles françaises, c'est l'île de la Désirade qui obtient sa place parmi les 100 sites inscrits au patrimoine géologique de la Terre. Plus précisément, il s'agit de la séquence ophiolitique datant du Jurassique supérieur. Ces roches sont en effet les plus vieux témoins permettant de reconstruire l'évolution géodynamique de la plaque caraïbe. L'évolution de la sédimentationsédimentation, du volcanismevolcanisme et des événements tectoniques ayant marqué l'histoire géologique de la région sont en effet magnifiquement enregistrés dans ces roches héritées d'un ancien plancherplancher océanique. Il s'agit d'un site clé qui permet de comprendre l'inversion de polarité de la zone de subductionzone de subduction entre les plaques caraïbe, Nord et Sud américaines.

    De grands sites connus, mais pas seulement

    D'autres grands sites, déjà bien connus, font partie de ce top 100. Citons par exemple, les colonnes basaltiquesbasaltiques de la Chaussée des Géants dans le nord de l'Irlande, le Grand Canyon aux USA, l'impressionnant site de Zumaia en Espagne et ses successions de flyschsflyschs, le Parc provincial des dinosauresdinosaures au Canada connu pour son extraordinaire concentration en squelettes de dinosaures dont la peau a parfois été préservée, la structure de Richat en Mauritanie avec ses étonnants anneaux concentriques. Poursuivons avec le volcan du Kilimandjaro en Tanzanie, le metamorphic core complex du Northern Snake Range dans l'ouest des États-Unis, le mont du Pain de SucreSucre de Rio de Janeiro au Brésil, ou encore les impressionnantes grottes de Skocjan en Slovénie... Ils côtoient des sites plus discrets mais dont l'intérêt scientifique n'est pas à démontrer, comme la discontinuité de Mohorovicicdiscontinuité de Mohorovicic du Gros-Morne National Park au Canada ou encore l'enregistrement glaciaire de l'épisode de la Terre boule de neige en Namibie.

    La structure de Richat photographiée depuis l'espace. © Nasa
    La structure de Richat photographiée depuis l'espace. © Nasa