D’où vient l’essence que nous mettons dans nos voitures ? Lorsque nous faisons le plein, le matin avant d’aller au bureau ou au moment de prendre la route des vacances, nous ne nous posons pas forcément la question. Mais voici la réponse.


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    Nous sommes encore chaque jour des millions à mettre de l'essence dans notre voiturevoiture. Du gasoil, plus précisément, dans encore près de 80 % des cas. Mais d'où vient-elle, cette essence qui nous semble si indispensable à notre quotidien ?

    Rappelons d'abord que l'essence -- tout comme le gasoil -- est fabriquée à partir de pétrolepétrole. Cette ressource fossilefossile s'est formée à partir de restes décomposés de végétaux et d'animaux. Des restes mis naturellement sous pressionpression. Le tout il y a plusieurs millions d'années. Et avant de devenir essence, le pétrole doit être raffiné, puis distillé.

    Les importations de pétrole brut en France en 2021, en mégatonne équivalent pétrole (Mtep). © Bilan énergétique de la France 2021, Ministère de la transition énergétique
    Les importations de pétrole brut en France en 2021, en mégatonne équivalent pétrole (Mtep). © Bilan énergétique de la France 2021, Ministère de la transition énergétique

    Du pétrole importé pour produire de l’essence

    En France, nous n'avons pas de pétrole. C'est ancré dans les esprits depuis les années Giscard. Pourtant, ce n'est pas tout à fait juste. En France, nous avons du pétrole. Très peu. Mais nous en avons. En 2021, notre pays en a produit -- en Aquitaine, dans le Bassin parisien et dans le Rhône -- environ 0,7 mégatonne équivalent pétrole (Mtep). Une goutte d'eau dans la mer des 34,7 Mtep de la consommation nationale de cette année-là.

    Dans les faits, la quasi-totalité du pétrole brut transformé en France est donc importée.

    Selon l'Insee, les principales régions qui ont fourni notre pays en 2022 -- sachant que les proportions peuvent varier en fonction de la situation géopolitique, notamment -- étaient :

    • l'Afrique -- le Nigéria, l'Algérie et la Libye, notamment -- pour un peu plus de 36 % ;
    • l'ex-bloc soviétique -- le Kazakhstan, surtout, et 5 % encore de Russie -- pour un peu plus de 19 % ;
    • le Moyen-Orient  -- et surtout l'Arabie Saoudite -- pour un peu plus de 15 % ;
    • et la Mer du nordMer du nord -- la Norvège, notamment -- pour un peu moins de 11 %.

    Les données de l'Agence internationale de l'énergieénergie montrent quant à elle que la part de pétrole brut importée des États-Unis tend à augmenter. Elle a été multipliée par 7 entre 2016 et 2020. En 2021, les États-Unis fournissaient 13 % de notre pétrole brut.

    Une flotte de pétroliers comme ceux qui apportent le pétrole brut jusqu’à la France avant qu’il soit transformé en essence pour nos voitures. © Kalyakan, Adobe Stock
    Une flotte de pétroliers comme ceux qui apportent le pétrole brut jusqu’à la France avant qu’il soit transformé en essence pour nos voitures. © Kalyakan, Adobe Stock

    Avant d’arriver dans nos voitures, l’essence fait un tour en mer

    C'est par la voie des mers que la quasi-totalité du pétrole brut importé arrive en France. Par les ports du Havre, de Marseille et de Nantes. Et c'est ensuite dans les raffineries qu'il est transformé. En fioulfioul pour le chauffage, en bitumebitume pour les routes, en matièresmatières premières pour le plastiqueplastique et... en essence pour les voitures. Une partie de cette essence sera d'ailleurs exportée. En 2019, la capacité de raffinage de notre pays était de l'ordre de 60 millions de tonnes. Soit environ 40 % de moins que 10 ans plus tôt.

    Le gasoil, en revanche, est en assez grande partie importé comme un produit fini. En 2022, la France a ainsi importé la moitié de sa consommation de gasoil.

    Une fois l'essence produite, elle est transportée par des oléoducsoléoducs, des barges ou des trains vers environ 200 dépôts répartis sur le territoire. Leur capacité de stockage est de l'ordre de 40 % du carburant consommé en France chaque année. La dernière étape, vers les stations-service, se fait en camion-citerne.

    Les États-Unis sont devenus les premiers producteurs de pétrole non conventionnel au monde. Et ils sont le 2<sup>e</sup> fournisseur de la France. © Nathan, Adobe Stock
    Les États-Unis sont devenus les premiers producteurs de pétrole non conventionnel au monde. Et ils sont le 2e fournisseur de la France. © Nathan, Adobe Stock

    Pétrole de schiste non conventionnel, pétrole conventionnel, pétrole offshore : autant de sources possibles pour l’essence de nos voitures

    Longtemps, la production de pétrole s'est limitée à celle que l'on nomme aujourd'hui le pétrole conventionnelpétrole conventionnel. Mais plus récemment se sont ajoutées des productions dites non conventionnelles. La différence est géologique. Alors que le premier quitte sa roche-mère pour s'accumuler dans une roche perméable et former un réservoir, le second se disperse dans des couches peu poreuses ou peut être piégé dans la roche-mère. Le premier est exploité par forage. Le second nécessite des techniques plus complexes. De fracturation hydrauliquefracturation hydraulique, par exemple.

    Des rapports ont montré la présence de ressources fossiles non conventionnelles dans le sous-sol français. Mais leur recherche et leur exploitation -- tout comme celle des autres hydrocarbureshydrocarbures, d'ailleurs -- sont désormais interdites sur notre territoire. Une bonne nouvelle pour le climatclimat et l'environnement. Mais cela n'empêche pas (encore) la France, d'importer une part de pétrole non conventionnelpétrole non conventionnel. Que l'on finit par retrouver sous forme d'essence dans les réservoirs de nos voitures.

    Le Kazakhstan, 1er fournisseur de la France, produit du pétrole conventionnel, sur terre et en mer. Et il exporte surtout un pétrole brut léger, apprécié pour la production d'essence.

    Mais les États-Unis, 2e fournisseur de la France, notamment, exploitent des formations de pétrole de schiste -- un pétrole lui aussi léger -- et de schistes bitumineuxschistes bitumineux. Ils en sont même devenus les premiers producteurs au monde.

    Dans la suite de la liste de nos principaux fournisseurs, l'Algérie, quant à elle, continue à découvrir des gisementsgisements de pétrole conventionnel. Et hésite toujours à se lancer dans l'exploitation de pétrole non conventionnel. Le Nigéria, de son côté, dispose d'importantes réserves de pétrole conventionnel, notamment de réserves offshoresoffshores. Mais les plus grandes réserves de pétrole conventionnel d'Afrique semblent se situer en Lybie, le pays qui arrive en 5e position de nos meilleurs fournisseurs.