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    L'évolution du langage n'est pas la seule incursion de la vie artificielle dans l'univers de la culture. Nombreuses sont les expériences qui se sont succédé dans le domaine des « sociétés artificielles » ou dans celui de l'intelligenceintelligence collective.

    © Chombosan, Shutterstock

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    Le <em>Village Ecodynamics Project </em>tente de comprendre la disparition d'une civilisation. Ces chercheurs ont même développé une application qui permet à tout le monde de modéliser cette vie. © DR

    Le Village Ecodynamics Project tente de comprendre la disparition d'une civilisation. Ces chercheurs ont même développé une application qui permet à tout le monde de modéliser cette vie. © DR

    La modélisation du travail au sein d'un groupe

    Au colloque Ecal, Ziad Kobti a ainsi présenté un système multiagents permettant de modéliser la division du travail au sein d'un groupe. Différents agents logicielslogiciels aux compétences diverses entrent en compétition/coopération dans un environnement au sein duquel ils effectuent différents travaux. Selon leurs niveaux de capacité, ils se spécialiseront peu à peu dans une tâche donnée, quoique (c'est encore une de ces découvertes contre-intuitives propres aux systèmes multiagents), pas forcément dans la tâche où ils sont les meilleurs.

    La grande question avec ces sociétés artificielles est celle de la vie artificielle : de même qu'il est finalement difficile de déduire d'une boucle de Langton ou d'un jeu de la vie des phénomènes propres à des systèmes biologiques précis, quelles conclusions peut-on tirer de ces systèmes formels quant à la vie de sociétés réelles ?

    La vie artificielle pour comprendre l'histoire des civilisations

    Il faut alors que les auteurs de ces modèles se confrontent aux « big databig data » issues des données réelles. Kobti est ainsi partie prenante du Village Ecodynamics Project. Ce projet d'archéologie computationnelle cherche à comprendre le déclin brutal de la population indienne du Mesa Verde aux alentours de 1200. Les raisons de cette dépopulation restent en effet assez mystérieuses. Apparemment, les autochtones possédaient assez de maïsmaïs pour subsister, ce qui évacue les explications simplistes de type famine.

    On pourrait penser qu'il s'agit d'une application marginale, mais ce genre de chose est typique de l'histoire des civilisations : la mystérieuse disparition de la première civilisation maya en est un cas d'école, ainsi que le brusque effondrementeffondrement de l'Ancien Empire égyptien. En biologie on trouve aussi des extinctions de masseextinctions de masse. Cette sorte d'événement critique est une des caractéristiques des systèmes émergentsémergents étudiés par les chercheurs en vie artificielle. L'exemple classique en est ce tas de sablesable où l'on rajoute délicatement un grain après l'autre ; jusqu'au moment où tout s'écroule !

    Les chercheurs du Village Ecodynamics Project ont créé une application pour permettre à tout un chacun de jouer avec les paramètres de cette société indienne virtuelle. Mais il s'agit d'un programme un peu ancien qui n'intègre pas les modèles présentés au colloque de Paris.

    L'abstract d’un article sur le sujet, - malheureusement indisponible aux non-abonnés - mentionne également que « Les archéologues affirment que les mondes virtuels constituent le meilleur moyen de tester des hypothèses complexes. Le domaine est également poussé par l'industrie des loisirs, car la technologie employée est la même que celle utilisée dans les jeux vidéojeux vidéo et les effets spéciaux, et de nombreuses universités ont récemment adopté des programmes de modélisation 3D ».

    La vie artificielle aurait donc un impact sur les technologies actuelles ? Jusqu'ici, les travaux dont nous avons parlé appartenaient à la recherche fondamentale, ou concernaient des technologies dont la maturation apparaît comme encore lointaine. Mais peut-être qu'elle pourrait servir aujourd'hui... Reste à voir à quoi !