Les stalactites permettent de retracer l’évolution climatique d’une région, de la même façon que le prélèvement de carottes de glace ou, sur une moindre échelle, les cernes des arbres par la dendrochronologie.

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    En Chine centrale, une équipe de scientifiques chinois ont analysé la concentration d'un isotopeisotope d'oxygène dans les stalactites de la grotte de Sanbao et en ont déduit... les variations annuelles de la température et des précipitations depuis 224.000 ans. Ils ont pu ainsi estimer l'évolution des moussons sur une bonne partie du continent asiatique. L'étude est publiée dans la livraison de cette semaine de la revue Nature.

    Plusieurs conclusions surprenantes découlent de cette étude, qu'expose le professeur Hai Cheng, de l'université de Nankin, en Chine. Selon lui, l'actuelle mousson d'été, telle que nous la connaissons en Asie orientale, reste relativement faible si on la compare à la situation qui prévalait voici quelques millénaires. Autre trait remarquable, la duréedurée des moussons d'intensité exceptionnelle a décru tandis que leur fréquence augmentait au cours des deux dernières glaciationsglaciations, ce qui indique clairement que l'étendue des glaces influe nettement sur ce phénomène.

    Mousson à Kerala (Inde). Crédit : Sandipan Dutta (dom. public)
    Mousson à Kerala (Inde). Crédit : Sandipan Dutta (dom. public)

    Le chercheur insiste sur le caractère exceptionnel de ces observations, qui démontrent que l'étude des stalactites et stalagmites permet de remonter beaucoup plus loin que la datation au radiocarbone, limitée à 50.000 ans. Il estime en outre que cette méthode remplacera sans doute l'analyse des carottes de glacecarottes de glace du Groenland pour quantifier les variations climatiques.

    L’impact des moussons sur la civilisation

    L'histoire des moussons a aussi intéressé une autre équipe de recherches internationale, qui a basé son étude sur l'analyse des sédimentssédiments du lac Huguang MaarMaar, dans le sud-est côtier de la Chine. L'examen de leurs propriétés magnétiques et de leur teneur en titanetitane fournit des indications sur la force des moussons en Asie, et principalement sur la mousson d'hiverhiver.

    Selon l'étude, déjà entamée il y a un an et dont les dernières conclusions doivent être aussi publiées dans la livraison de cette semaine de la revue Nature, l'ampleur du phénomène pourrait expliquer la disparition de deux grandes civilisations. L'été, la mousson provoque l'apparition de ventsvents qui soufflent de la mer vers l'intérieur des terresterres et entraînent l'apparition de violents oragesorages et pluies diluviennes tandis que la situation s'inverse en hiver lorsque les vents soufflent des terres vers l'océan. Apparaissent alors la diminution des pluies, ainsi que les sécheressessécheresses.

    Les résultats des recherches démontrent que la Terre a connu trois périodes où les moussons d'hiver se sont montrées particulièrement violentes, la plus marquée d'entre elles se situant entre l'an 700 et l'an 900 de notre ère. Or, cette époque correspond au déclin de la dynastie Tang en Chine et de la période Maya classique en Amérique centrale.

    On sait aujourd'hui que ces civilisations se sont terminées dans le sang, par des révoltes en Chine et une succession de conflits chez les Mayas. Les scientifiques expliquent cette situation en privilégiant l'hypothèse de famines directement provoquées par les effets catastrophiques de moussons exceptionnellement intenses.