Pendant vingt à trente ans, 250.000 utilisateurs de téléphone portable seront suivis dans cinq pays pour mettre en évidence l'éventuel effet des ondes sur l'apparition de cancers mais aussi d'autres pathologies. Une étude de plus, après bien d'autres, qui n'ont apparemment pas donné de résultats concluants.

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    Les émetteurs-récepteurs que nous collons régulièrement à une oreille ou les antennes-relais qui peuplent nos paysages sont-ils dangereux pour la santé ? Après plus d'une décennie d'usage du mobile (l'extension massive du GSM en France commence autour de l'année 1995), la question reste toujours posée.

    On craint avant tout un effet sur le développement de tumeurs dans le cerveau, là où l'énergieénergie des ondes émises est la plus forte lorsqu'on téléphone. Aucun mécanisme convaincant n'a été mis en évidence, hors celui d'un échauffement (les fréquence des ondes utilisées, de 900 et 1.800 MHz en Europe, 1.900 MHz aux Etats-Unis, n'étant pas si éloignées de celles des fours à micro-ondesfours à micro-ondes, 2.450 MHz).

    Lancée en 1999, la grande étude Interphone a suivi pendant quatre ou cinq ans et dans treize pays les apparitions de différents cancerscancers (plus de 11.000 cas) pour mesurer la corrélation avec l'utilisation de la téléphonie mobile (nombre d'appels, duréedurée moyenne, utilisation d'un kit mains libres)... L'analyse a donné beaucoup de mal aux statisticiens et les premiers résultats n'ont été rendus publics qu'en 2007 avant une seconde salve en 2008. On attend toujours le rapport définitif, qui devait être diffusé en 2009.

    Des études vraiment complexes

    Les corrélations semblent faibles et donc difficiles à mettre en évidence. Le cas le plus flagrant était celui du gliomegliome (ou tumeurtumeur gliale), un cancer rare du système nerveux. Il semblait constituer la première pathologiepathologie associée à l'utilisation du mobilemobile mais il illustre aussi la difficulté à conclure, les résultats variant largement selon les pays. Ainsi, en France, l'étude InterphoneInterphone établit à 1,15 le risque de développer un gliome chez les utilisateurs réguliers et à 1,96 pour les utilisateurs intensifs. Mais en Allemagne, ces risques sont respectivement de 0,98 à 2,20, soit une augmentation de 125% ! En revanche, au Royaume-Uni, le risque paraît moins élevé chez les utilisateurs intensifs : 0,90 contre 0,94 chez les utilisateurs réguliers. Outre-Manche, le mobile protègerait du gliome...

    En France, les études de l'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travailAgence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail), tout autant que le Grenelle des ondes, n'ont abouti qu'à de timides recommandations, préconisant d'éviter l'utilisation du mobile par les enfants, en l'occurrence seuls concernés par le principe de précautionprincipe de précaution.

    Mais nous n'allons pas tarder à en savoir un peu plus. Il suffit d'attendre un peu, 2030 au plus tôt, 2040 au plus tard. Pilotée par l'Imperial College of London, l'étude Cosmos (Cohort Study Mobile Communications) vient d'être lancée et suit désormais 250.000 adultes, de 18 à 69 ans, dans cinq pays, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède.

    Contrairement à Interphone, CosmosCosmos observe des personnes en bonne santé dont on suivra le dossier médical pour mettre en relation l'apparition de différentes pathologies avec l'usage du téléphone portable. L'étude ne s'intéressera pas qu'aux cancers mais aussi à tout ce qui donnera lieu à une consultation, jusqu'aux maux de crânecrâne ou aux troubles du sommeiltroubles du sommeil. Bon courage aux statisticiens...