Quatre expériences de diffusion de télévision numérique pour téléphones portables démarrent à Paris. Deux techniques différentes, associations obligées entre opérateurs et chaînes de télé, regroupements industriels à géométrie variable : la révolution annoncée commence dans le flou.

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    Prototype de téléphone mobile Samsung capable de recevoir la télévision par satellite.

    Prototype de téléphone mobile Samsung capable de recevoir la télévision par satellite.

    Pour se lancer sur le marché, paraît-il énorme, de la télévision sur mobilemobile, les concurrents en lice n'attendaient en France que l'ouverture de nouvelles fréquences radio. C'est fait depuis le 13 septembre : le CSA a autorisé quatre groupements d'industriels à effectuer des expérimentations à Paris sur quatre canaux radio. Elles ont démarré ou sont en en passe de l'être. Les acteurs de cette nouvelle industrie sont les opérateurs de téléphonie, les diffuseurs de chaînes de télévision et les fabricants de téléphones mobiles. Bouygues Telecom recrute actuellement 200 volontaires, SFR le fera début octobre et Orange ne tardera pas non plus.

    L'idée de cette évolution est née de l'évolution de la téléphonie mobile 3G ("troisième génération", basée sur l'UMTS), qui en montre à la fois l'intérêt et les limites. Intérêt car, en France et partout où elle a été introduite, la possibilité de visionner des vidéos sur son mobile a rencontré un bon succès : au Japon, 30 % des mobiles sont de type 3G (soit près de 36 millions de téléphones) ; en Corée du Sud, la télévision sur mobile a séduit 150.000 abonnés en quelques mois. En France, SFR et Orange annoncent chacun 300.000 clients 3G. Chez SFR, 6.000 d'entre eux se sont abonnés au bouquet de chaînes de télévision et chez Orange, on affirme que les clients des chaînes de télévision la regardent en moyenne plus d'une demi-heure par mois.

    La 3G ne peut servir tout le monde

    Mais cette technique ne pourra jamais diffuser la télévision à grande échelle sous peine de saturation des réseaux. En effet, la vidéo 3G est une diffusiondiffusion à la demande et fonctionne comme une communication téléphonique, mobilisant un canal de communication. Si le nombre de téléspectateurs est trop grand, les débits s'écroulent.

    Dans les nouvelles expérimentations, les mobiles embarquent un tuner TV numérique, disposent d'une antenne plus grande et captent des chaînes de télévision diffusées comme leurs homologues conçues pour les téléviseurs classiques. Une compétition existe déjà sur la technique employée. Trois des quatre expérimentations font appel à la norme DVB-H (Digital Video BroadcastingDigital Video Broadcasting Handheld), déclinaisondéclinaison de la TNT soutenue par Nokia et une grande partie de l'industrie européenne. L'autre expérimentation se base sur une technique concurrente, le T-DMBT-DMB (Terrestrial Digital Multimedia BroadcastingDigital Multimedia Broadcasting), utilisée en Corée du Sud, ainsi qu'en Allemagne et en Grande-Bretagne.

    Avec la télédiffusion, tout le monde espère un marché bien plus vaste que celui de la téléphonie 3G. Mais sur ce terrain où la moisson s'annonce riche se rencontrent, pas toujours amicalement, les opérateurs de téléphonie et les chaînes de télévision. Les secondes imaginent volontiers un baladeur TV, un produit que les premiers vouent aux gémonies, ne voulant entendre parler que d'un téléphone multifonctions. Chacun cherche son leadership mais ils leur faut bien s'associer.

    Deux cents parisiens ont reçu ce Sagem MyX-8 auquel a été ajouté un tuner TV, préfigurant, dit-on, nos futurs téléphones-téléviseurs de poche.

    Deux cents parisiens ont reçu ce Sagem MyX-8 auquel a été ajouté un tuner TV, préfigurant, dit-on, nos futurs téléphones-téléviseurs de poche.

    Quatre équipes dans les starting-blocks

    En France, les compétiteurs sur la ligne de départ sont désormais connus et se regroupent en quatre équipes, ayant chacune reçu le droit d'émettre sur un canal qui leur est réservé. Mais le CSA a limité cet accord à Paris et pour la seule duréedurée des expérimentations, du 15 septembre 2005 au 15 juin 2006 pour les trois premières et du 15 octobre 2005 au 15 avril 2006 pour la quatrième. Les trois premières utiliseront la norme DVB-H et la quatrième le standard coréen T-DMB.

    Mais les grands concurrents ont pris soin de miser sur plus d'une équipe...

    - Sous la coordination de TDF, une moitié du canal 37 sera confié à de grands groupes de télévision (France Télévision, Arte) et un certain nombre de radios. Les trois opérateurs mobiles (Orange, SFR et Bouygues Telecom) y sont associés.

    - Sous la houlette de TPS, l'autre moitié du canal 37 sera confiée à TF1, LCI, M6 entre autres, ainsi que les opérateurs Orange et Bouygues Telecom et le constructeur Sagem.

    - Canal Plus prend la tête d'un groupe qui comporte, outre les chaînes associées, France 2, France 3, Planète et d'autres chaînes (qui exploiteront le canal 29). L'opérateur est SFR (filiale de Vivendi, comme Canal Plus) et Nokia fait partie de l'équipe.

    - Menée par TF1 et VDL (société d'ingénierie en radiodiffusion), la quatrième s'apuie sur Bouygues Telecom et se distingue par la technique T-DMB. On y retrouve LCI, Europe 1, Europe 2...

    Que le meilleur gagne...