Trois navires, des robots et une équipe de scientifiques sont actuellement à pied d’œuvre pour une vaste étude des fonds sous-marins en mer Egée et dans la mer Noire. Au menu : de l’océanographie et de la géologie mais aussi de l’archéologie. Des milliers d’années d’épaves nous attendent….

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    Totalement autonome, le robot sous-marin Doerri suit pendant une journée entière le programme d’observation qu’on lui a demandé. © Coastal Sediments Hydrodynamics and Engineering Laboratory / U. of Delaware, Department of Geology

    Totalement autonome, le robot sous-marin Doerri suit pendant une journée entière le programme d’observation qu’on lui a demandé. © Coastal Sediments Hydrodynamics and Engineering Laboratory / U. of Delaware, Department of Geology

    C'est une expédition aux grands moyens qui vient d'être lancée entre la mer Egée et la mer Noiremer Noire. Essentiellement américaine, elle est dirigée par l'Université de Rhode Island, l'Institut pour l'Exploration (Institute for Exploration) et la NOAANOAA (National Oceanic & Atmospheric Administration). Mais de nombreux autres organismes sont embarqués dans cette aventure, dont plusieurs universités des Etats-Unis, l'Académie des sciences ukrainienne et l'institut français Ifremer. L'expédition est scindée en trois projets différents : une étude géologique Egée au large de la Crète et deux études archéologiques, l'une sur les côtes ukrainiennes, l'autre sur la façade turque.

    A la tête de cette armada figure l'emblématique Robert Ballard, découvreur en 1985 de l'épave du Titanic. Trois navires océanographiques ont été mobilisés pour cette vaste étude, l'un aux armes de la NOAA (l'Okeanos Explorer), un italien (l'Alliance) et un ukrainien (le Flamingo). Une quarantaine de scientifiques s'y relaieront, assistés par une palanquée de robots sous-marinssous-marins, plus ou moins autonomes.

    Robots en première ligne

    La tâche est vaste, en particulier en mer Noire où beaucoup reste à découvrir. Cet ancien lac d'eau douceeau douce envahi par la mer il y a 7000 ans n'a quasiment pas d'oxygène en deçà de 200 mètres de profondeur. Faible, la salinitésalinité varie beaucoup entre la profondeur, où coule l'eau salée en provenance de la Méditerranée, et les eaux de surface (plus douces). En moyenne, l'eau de la mer Noire est bien plus douce que partout ailleurs et devrait mieux conserver les épaves. Or, après des milliers d'années d'occupation humaine par plusieurs civilisations, elles ne devraient pas manquer...

    Côté robots, c'est l'affluence, avec trois engins commandés par câble (les ROV, Remotely Operated Vehicles) : Hercules, Argus et Echo. A leurs côtés évoluera, sans fil pour le relier à la surface, le célèbre Doerri (Delaware Oceanographic and Environmental Research Remote Instrument), mis au point, comme son nom l'indique, à l'université de Delaware. Mais ses utilisateurs préfèrent l'appeler Dori, comme le poissonpoisson du film Le monde de Nemo.

    Complètement autonome, il peut évoluer jusqu'à 200 mètres de profondeur sans aucune assistance de la surface. Au bout d'une journée de labeur solitaire (14 heures au maximum), le robot fait surface et rejoint tout seul son navire. Avec ses 2,10 mètres de longueur et ses 109 kilogrammeskilogrammes, Dori embarque une collection d'instruments océanographiques classiques pour mesurer la salinité, la température et l'oxygène dissous. Moins traditionnels, ses deux sonarssonars peuvent cartographier les fonds.

    Avec tous ces moyens, la moisson risque d'être bonne. Rendez-vous dans les prochaines semaines pour découvrir les trouvailles de ces aventuriers de la science...