Sous l'égide de l'Otan, une équipe a développé le premier standard international pour les communications sous-marines par ondes acoustiques. Une avancée qui devrait faire progresser l'exploration robotisée et favoriser le déploiement d'un « Internet sous-marin ».

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    Si la standardisation des protocoles de communication terrestres existe de longue date, il n'en va pas de même sous l'eau. Jusqu'à présent, aucune norme de communication sous-marine ne s'impose aux robots d'exploration et aux navires. Différents dispositifs acoustiques coexistent, permettant à certains groupes de robots de communiquer entre eux mais sans interopérabilité possible avec d'autres systèmes. Mais cela est sur le point de changer...

    Un jour, il devrait exister sous l'eau l'équivalent d'un réseau de connexion Wi-Fi ou cellulaire qui reliera entre eux différents équipements de surface et sous-marinsous-marin. C'est ce que pensent les chercheurs du CMRE (Centre for Maritime Research and Experimentation)) de l'Otan. Une équipe a développé ce qui est présenté comme la toute première norme de communication numérique sous-marine. Baptisée Janus (le dieu romain des portesportes et des passages), elle est reconnue comme un standard par tous les membres de l'Otan depuis mars 2017. Ses concepteurs estiment qu'il s'agit de « la première étape vers la création d'un Internet sous-marin ».

    Janus est un signal acoustique qui émet sur une fréquence de 11,5 kilohertz. Les appareils sous-marins établissent une communication par ce canal et peuvent ensuite choisir d'y demeurer ou bien de basculer sur une fréquence propriétaire pour des raisons de confidentialité ou de praticité. Janus joue le rôle de passerellepasserelle grâce à laquelle l'ensemble des systèmes marins et sous-marins peuvent signaler leur présence ou s'organiser en un réseau.

    Avec Janus, il est possible de réunir sur un même réseau des appareils marins et sous-marins qui communiquent sur une bande de fréquence autour de 11,5 kilohertz. © <em>Centre for Maritime Research and Experimentation</em>, Otan

    Avec Janus, il est possible de réunir sur un même réseau des appareils marins et sous-marins qui communiquent sur une bande de fréquence autour de 11,5 kilohertz. © Centre for Maritime Research and Experimentation, Otan

    Janus gênera-t-il les habitants des mers ?

    Pour tester Janus, les chercheurs de l'Otan ont installé des émetteurs acoustiques sous-marins dans le port de La Spezia (Italie) où est basé le CMRE. Ils ont également développé un système de surface avec une antenne montée sur une bouée qui capte les signaux Wi-Fi et cellulaires et les convertit au format Janus pour les envoyer à des engins sous-marins.

    Le son a un impact sur la vie marine

    L'objectif est de créer un réseau global, un « Internet sous-marin », pour permettre à tous les types de robotsrobots de communiquer entre eux ainsi qu'avec des sous-marins, des bouées et des navires. Les applicationsapplications envisagées sont évidemment pléthoriques, tant pour la sécurité des plongeurs que des installations off-shoreoff-shore (plateformes pétrolières, fermes éolienneséoliennes...), la protection des ports, la surveillance maritime, la détection de mines ou encore l'archéologie sous-marine.

    L'Otan n'a cependant pas précisé si Janus pourrait à terme devenir un standard public qui, à l'instar du Wi-Fi, permettra à des particuliers pratiquant la plongée sous-marine de communiquer entre eux par l'intermédiaire de terminaux mobilesmobiles étanches. Mais la grande question qui se pose concerne la nocivité de ces ondes acoustiquesondes acoustiques pour l'environnement marin. « On sait que le son a un impact sur la vie marine », reconnaît João Alves, responsable du projet Janus au CMRE, qui indique que son équipe collabore avec des biologistes et d'autres scientifiques s'attachant à préserver l'environnement marin. Mais on ne sait pas clairement à quel point cette norme de communication pourrait être nocive ni ce qui pourrait être fait pour y remédier.