La Royal Society vient de mettre en ligne un très joli site mettant en scène des documents scientifiques originaux depuis 1666. On peut ainsi relire Newton dans le texte ou découvrir grâce à Daines Barrington les dons musicaux d'un enfant nommé Joannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart.

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    Les points gris indiquent des événements et les rouges des liens vers des documents d'époque. Les flèches horizontales sont des machines à voyager dans le temps. © The Royal Society

    Les points gris indiquent des événements et les rouges des liens vers des documents d'époque. Les flèches horizontales sont des machines à voyager dans le temps. © The Royal Society

    Un site à mettre dans ses favoris ! Trailblazing, qui signifie entre autres balisage de sentiers, vient d'être mis en ligne par The Royal Society. L'académie britannique célèbre ainsi son trois cent cinquantième anniversaire. Cette vénérable institution a été fondée le 28 novembre 1660, officialisant un collège informel qui existait depuis vingt ans et réunissait à l'origine des adeptes de la philosophie naturelle discutant des idées de Francis Bacon, homme d'Etat également classé parmi les initiateurs de la pensée scientifique moderne.

    A la fin du dix-septième siècle, ces idées ont progressé et le collège réunit alors les grands physiciensphysiciens de l'époque, comme l'Irlandais Robert Boyle, considéré comme un précurseur de la théorie atomique, voire de la thermodynamiquethermodynamique, et que connaissent en principe tous les plongeurs brevetés (la loi de Boyle-Mariotte, c'est lui, avec le Français Edme Mariotte, bien sûr).

    Février 1671. Dans son long article expliquant sa nouvelle théorie « <em>de la lumière et des couleurs</em> », Isaac Newton explique, schéma à l'appui, comment on peut utiliser un miroir réfléchissant concave (« <em>a reflecting piece of metall</em> ») à la place d'une lentille (<em>Object-glass</em>) pour réaliser un télescope ou, comme sur ce dessin, un microscope, avec l'objet à étudier en O et l'oculaire (« <em>eye glass</em> ») en CD. © <em>The Royal Society</em>

    Février 1671. Dans son long article expliquant sa nouvelle théorie « de la lumière et des couleurs », Isaac Newton explique, schéma à l'appui, comment on peut utiliser un miroir réfléchissant concave (« a reflecting piece of metall ») à la place d'une lentille (Object-glass) pour réaliser un télescope ou, comme sur ce dessin, un microscope, avec l'objet à étudier en O et l'oculaire (« eye glass ») en CD. © The Royal Society

    Pour fêter ces trois siècles et demi de science, ce nouveau site la montre en images, à la manière d'un jeu, à l'aide de ses propres publications scientifiques. Il s'agit pas d'inédits puisque depuis 2006, les publications de la Royal Society sont déjà en ligne et librement accessibles sur un site dédié et clairement destiné aux scientifiques et aux historienshistoriens.

    Le site Trailblazing, lui, parsème une sélection de publications comme des balises le long d'un trajet temporel des années 1660 à nos jours. Pour situer le contexte, la machine à voyager dans le temps montre aussi quelques événements historiques importants. Tous ces points de repères sont expliqués dans de brefs textes (en anglais bien sûr).

    La première publication date de 1666 et relate la transfusiontransfusion sanguine entre deux animaux, en l'occurrence des chienschiens, une des premières du genre. L'article est publié par le chirurgien Richard Lower, à l'instigation de Robert Boyle. Le dernier, de 2006, est un plaidoyer de James Lovelock pour la modification volontaire du climatclimat terrestre grâce à la géoingénieriegéoingénierie pour contrer les causes du réchauffement.

    Caroline Herschel, sœur de l'astronome William Herschel, devient son assistante officielle, rémunérée à ce titre sur ordre du roi George III. Elle est ainsi la première femme occupant un poste de scientifique. Elle s'intéresse aux comètes et en décrit une nouvelle dans cette publication de 1793. © <em>The Royal Society</em>

    Caroline Herschel, sœur de l'astronome William Herschel, devient son assistante officielle, rémunérée à ce titre sur ordre du roi George III. Elle est ainsi la première femme occupant un poste de scientifique. Elle s'intéresse aux comètes et en décrit une nouvelle dans cette publication de 1793. © The Royal Society

    Les documents sont les publications elles-mêmes, au format PDF pour celles de l'ère pré-informatique. On peut ainsi croiser NewtonNewton (qui fut président de la Royal Society de 1703 jusqu'à sa mort en 1727), Maxwell et sa théorie de l'électromagnétismeélectromagnétisme ou encore Barbara McClintockBarbara McClintock, généticienne pionnière et géniale qui découvrit les « gènesgènes sauteurs », devenus depuis de transposons, une découverte récompensée par un prix Nobel 40 ans après la publication. Mozart est là aussi, avec un article datant de 1770. L'auteur, Daines Barrington, y relate les observations qu'il a effectuées en 1764 pour vérifier si le petit Mozart, prodige musical de passage à Londres, était bien âgé de huit ans comme l'affirmait son père. La réponse fut oui.

    Curieusement, on ne rencontre pas Charles DarwinCharles Darwin qui a pourtant été membre de la Royal Society à partir de 1839. On peut se consoler en consultant un site regroupant tout le travail de Charles Darwin, The Complete Work of Charles Darwin Online, qui réunit tous ses manuscrits, livres, dessins et publications. On y trouve pourtant des textes parus dans les Philosophical Transactions of the Royal Society.

    On peut regretter aussi l'absence d'outils de recherche qui auraient permis de chercher des travaux précis. Ce n'est pas le but de ce site ludique, qui incite à la balade et qui montre quelques étapes importantes - et britanniques - de la science moderne.