Jusqu’au 11 mars, les différentes composantes de l’armée française s’entrainent à la guerre à haute intensité, contre un ennemi d’une puissance de feu équivalente. D’un côté, il y a les bleus, de l’autre les envahisseurs rouges. Une nouvelle arme a été testée sur le terrain, l’arme cyber.
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La France est en guerre. L'ennemi s'appelle MercureMercure : un État puissant qui a déployé des milices séparatistes sur le territoire de l'Arnland. Pour faire cesser cette opération de déstabilisation, le chef des armées a décidé de lancer une intervention militaire périlleuse et ambitieuse. Alimentation du séparatisme, atteinte à l'intégrité d'un territoire par une puissance étrangère... Des éléments de langage qui viennent rappeler ce qui se passe depuis 2014 en Ukraine dans le Donbass, avec la continuité que l'on connait désormais depuis un an.
Mercure et Anrland n'existent pas, il s'agit bien entendu d'un exercice géant des armées françaises intitulé « Orion 23 ». Il se tiendra jusqu'au 11 mars dans 14 départements et mêlera l'ensemble des composantes de l'armée française, à savoir l'armée de Terre, la Marine, l'AirAir et l'Espace ainsi que le cyber.
Lors du bouquet final, 12 000 militaires seront engagés dans la simulation d'une bataille de haute intensité contre l'armée du fameux État Mercure. En plus d'une vaste armada de drones, des dizaines d'hélicoptèreshélicoptères, plus de 2 300 véhicules, une trentaine de navires, le porte-avions Charles de Gaulle sera également déployé.
Ce week-end, c'est sur la côte méditerranéenne que les militaires ont montré les muscles en combinant une opération aéroportée dans Tarn avec un débarquement à Sète de 700 soldats et de 150 véhicules. Après avoir combattu sur de nombreux fronts contre le terrorisme et les jihadistes durant au moins deux décennies, l'armée français doit désormais à nouveau s'entrainer à la guerre à haute intensité contre un ennemie d'une puissance au moins égale.
Ce n'est pas la guerre en Ukraine qui a engendré ce scénario, puisque l'exercice était en préparation depuis trois ans. Mais, depuis l'invasion de la Crimée et la guerre du Donbass, la France s'est réinvestie, comme ses alliées, dans ce type d'exercices de guerre de haute intensité.
Quand trop de fausses cibles rendent folle la défense
Il faut donc réapprendre ce que les militaires avaient laissé de côté depuis la fin de la guerre froide. Il y a des éléments nouveaux et silencieux qui n'existaient pas auparavant : la guerre hybride avec ses attaques et ses récits propagés par les réseaux sociauxréseaux sociaux pour déstabiliser les populations, faire douter et marteler un narratif qui peut convaincre pour affaiblir l'adversaire. On se souvient, par exemple des fameuses fermes à Trolls de Saint-Pétersbourg dirigées par Evgueni Prigojine, le patron du groupe de mercenaires russes Wagner. Des trolls créant un bruit de fond pour affaiblir l'Union européenne.
L’arme cyber a été introduite pour neutraliser les systèmes de défense Sol-Air de l’ennemi. C’est une nouveauté dans ce genre d’exercices qui n’avait pas été mené depuis vingt ans. © Armée française
Mais il y a aussi les actions de guerre informationnelle et de cyberguerre sur le terrain militaire. C'est justement ce qu'ont pu tester les militaires à Sète. Avec l'arme cyber, le système de missilesmissiles sol-air Mamba des envahisseurs (les « rouges »)) a pu être neutralisé. Une charge viralecharge virale a perturbé le radar. Il s'est mis à afficher des multitudes de cibles. Avec une telle saturation, impossible de savoir lesquelles acquérir. Cela a eu pour conséquence de rendre inutilisable l'armement. Sans ce Mamba, le débarquement des bleus s'est déroulé sans entrave.
Ce hacking façon militaire a été réalisé par une unité de commandos de « pirates » qui s'est approchée furtivement à proximité des systèmes. Les opérateurs ont branché leur charge virale sur le câble qui reliait le radar au centre de commandement. Cette opération avait été précédée par de nombreuses attaques cyber pendant toute la semaine avant le débarquement et les parachutages. Des cyberattaques auxquelles les rouges avaient bien résisté. Et puis, les bleus ont aussi brouillé les pistes en faisant croire à des manœuvres provenant d'autres endroits.