Des dizaines de milliers de passagers sont restés bloqués à l’aéroport de Gatwick au Royaume-Uni en raison de l’intrusion malveillante de drones au-dessus des pistes. Est-ce que la France est parée à détecter et neutraliser de telles menaces sur ses zones aéroportuaires ?


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    Au Royaume-Uni, près de Londres, l'aéroport de Gatwick a été fermé mercredi soir, jusqu'à vendredi matin par sécurité en raison du survol intempestif d'au moins deux drones. Des dizaines de milliers de passagers sont donc restés cloués au sol et les compagnies ont annulé leurs vols. Un « incident sans précédent » selon le ministre des Transports britannique, Chris Grayling, qui a nécessité l'intervention de la police et de l'armée sans pour autant permettre l'interpellation des télépilotes et des appareils. Durant 24 heures, l'un des deux drones, assez massif, aurait été aperçu plus de 50 fois et pourtant les autorités se sont avérées incapables de neutraliser les drones. Au Royaume-Uni, comme en France, le survol des installations aéroportuaires par des drones est bien entendu strictement interdit, mais la problématique de la détection et de la neutralisation des drones sur ces zones sensibles se pose.

    En France, une menace identique pourrait potentiellement arriver. Les intrusions de drones sur les zones aéroportuaires se sont déjà produites avec parfois des avions en vol à proximité. Il en est de même pour les centrales nucléairescentrales nucléaires où une quinzaine de vols de drones ont été signalés au-dessus ou aux abords des installations. On se souvient que début juillet, Greenpeace avait fait s'écraser un drone contre un bâtiment vulnérable de la centrale nucléaire de Saint-Vulbas (Ain). Autrement dit, les autorités françaises sont déjà sensibilisées à la problématique des intrusions malveillantes de drones sur des sites sensibles.

    L'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) dénombre 1.400 incidents en Europe. En cas de collision entre un drone et un avion, les risques sont importants comme le montre la vidéo ci-dessus. © University of Dayton

    Détecter, neutraliser

    Mais avant de neutraliser un drone, encore faut-il le détecter. Or, les radars civils de l'aéroport ne peuvent pas identifier d'aussi petits objets volants. Seul un radar actif de type militaire émettant des ondes électromagnétiquesondes électromagnétiques puissantes peut détecter les objets volants. Il existe aussi des radars laserlaser, ou des systèmes de détection des ondes émises entre l'opérateur et le drone pour déterminer leurs positions respectives. On peut ainsi citer le projet Hologarde mené par Thales avec les Aéroports de Paris. Il s'agit de puissants radars holographiques qui sont capables de détecter des objets d'une dizaine de centimètres sur un rayon de cinq kilomètres. La solution combine un Lidar, une antenne permettant de relever les échanges radio entre le drone et l'opérateur et des caméras infrarougeinfrarouge à longue portée. Ces radars particuliers ont été testés toute l'année sur l'aéroport de Paris Roissy Charles-De-Gaulle. Les premiers modèles opérationnels commencent tout juste à être déployés. Enfin, pour éviter de confondre un oiseauoiseau avec un drone, l'intelligence artificielle vient faciliter la reconnaissance des formes.

    Reste à savoir comment neutraliser le drone. Des systèmes de brouillage des ondes radio et du GPS existent et l'armée française est d'ailleurs équipée de fusils brouilleurs directionnels. C'est ainsi que début août, un drone qui survolait le fort de Brégançon où se trouvait le Président Macron et son épouse, s'est retrouvé à l'eau. Ceci dit, difficile de savoir où ses systèmes sont employés. Les autorités françaises communiquent peu sur le déploiement de ces armes antidrones. D'autres solutions existent, à l'image des aigles dressés pour attaquer les drones, ou encore les drones chasseurs dotés d'un filet pour capturer d'autres drones. Testées, ces deux solutions n'ont pas été retenues en France. Outre ces procédés défensifs, il faut savoir que les drones actuels dotés d'un GPS sont automatiquement bridés par les constructeurs. C'est notamment le cas de ceux du leader du marché, DJI. Le drone ne peut pas pénétrer les zones relevées comme interdites. Il bloquera également son ascension à l'altitude maximale autorisée localement, par exemple, 150 mètres, ou 30 mètres selon les secteurs. Enfin, il faut savoir que l'autonomie d'un drone est limitée à une vingtaine de minutes. C'est d'ailleurs ce qui surprend dans le cas de Gatwick. La fréquence des survols était importante. Il fallait donc que les opérateurs soient équipés de nombreuses batteries pour multiplier leurs sorties. Il ne s'agissait donc certainement pas d'amateurs.

    Même si la France s'équipe pour détecter cette menace, dans tous les cas, il faut retenir que la présence de ces aéronefsaéronefs dans les cieux à proximité des avions de ligne peut être fatale. Malgré le faible poids d'un drone du commerce, celui-ci peut détruire le bord d'attaque d'une aile en raison de la vitessevitesse élevée de l'avion, ce qui n'est pas le cas lorsqu'un oiseau percute l'appareil.