L'étude d'une météorite originaire de Mars, et découverte en Egypte en 1911, a révélé la présence de tunnels microscopiques ressemblant à s'y méprendre aux canaux laissés par des bactéries dans des roches terriennes. Si les chercheurs n'ont pas été en mesure d'extraire de l'ADN de cet échantillon martien, il n'en fallait pas moins pour alimenter le débat concernant la présence de vie sur Mars.

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    La planète rouge n'a pas fini de jouer avec notre imagination...(Crédits : NASA)

    La planète rouge n'a pas fini de jouer avec notre imagination...(Crédits : NASA)

    Vue microscopique d'une tranche du météorite Nakhla <br />On y voit une cassure (en jaune) et des tunnels microscopiques (dans les cadres),<br /> qui sont similaires à ceux que l'on peut observer sur Terre, dans les roches où vivent des bactéries<br /> (Crédits : Oregon State University)

    Vue microscopique d'une tranche du météorite Nakhla
    On y voit une cassure (en jaune) et des tunnels microscopiques (dans les cadres),
    qui sont similaires à ceux que l'on peut observer sur Terre, dans les roches où vivent des bactéries
    (Crédits : Oregon State University)

    Nakhla la paradoxale

    L'équipe de Martin Fisk, professeur à l'Oregon State University et auteur principal d'un article paru dans la dernière édition du journal Astrobiology, a étudié Nakhla, cette roche martienne qui a atterri en Egypte en 1911. D'un poids de neuf kilogrammes, ce fragment de météorite est âgé de 1.3 milliard d'années. En datant l'argileargile découvert à l'intérieur de la roche, les scientifiques ont établi que, il y a 600 millions d'années de cela, le fragment avait été au contact d'eau.

    En analysant Nakhla, l'équipe a découvert une série de canaux microscopiques, semblables à ceux que peuvent présenter certaines roches terriennes. Or, à l'heure actuelle, tous les tunnels de ce type examinés sur Terre étaient le résultat de l'invasion des roches par des bactériesbactéries. Alors, pourquoi n'en serait-il pas de même pour Nakhla ? Pour répondre à cette question, les chercheurs se sont mis en quête d'ADNADN, mais sans résultats : « Sur Terre, nous sommes toujours capables d'extraire de l'ADN des roches présentant de tels canaux. Mais cela n'a pas été le cas pour cet échantillon », explique Martin Fisk.

    Deux explications possibles

    Alors, invasion de bactéries martiennes ou coïncidence ? « Il y a deux explications possibles : soit, sur Terre, il existe un moyen abiotiqueabiotique de creuser des tunnels dans les roches, et nous ne l'avons pas encore trouvé, soit les canaux observés dans l'échantillon martien sont bien l'œuvre de bactéries, dont les conditions sur Mars n'auraient pas permis de préserver l'ADN. »

    Quid de la présence d'eau dans cette roche, il y a de cela 600 millions d'années ? « Il est communément admis que l'eau est l'ingrédient essentiel à la vie. Aussi, si des bactéries ont envahi la roche quand celle-ci était humide, elles sont mortes depuis 600 millions d'années. Cela pourrait expliquer pourquoi nous n'avons pas trouvé d'ADN... »

    Des bactéries gloutonnes

    Avant de se pencher sur Nakhla la paradoxale, l'équipe de recherche de Fisk a étudié pendant quinze ans les bactéries vivant dans les roches volcaniquesroches volcaniques. La démarche suivie était toujours la même : détection de la présence de tunnels microscopiques, puis extraction d'ADN.

    Mais comment les bactéries survivent-elles dans de tels milieux ? L'activité biologique débute toujours en présence d'eau, au niveau d'une fracture dans la roche, ou à la périphérie d'un minéralminéral. Une fois infiltrées, les bactéries commencent à « manger » : « Plusieurs types de bactéries sont capables de se nourrir de l'énergie chimique des roches. L'un des éléments qu'elles utilisent est le fer, qui est présent à raison de 5 à 10 % dans les roches volcaniques. »

    Avec prudence, Martin Fisk précise que, d'un côté, sa découverte ne prouve nullement la présence de vie sur la planète rouge, mais que, d'un autre côté, l'absence d'ADN n'exclue pas totalement cette possibilité. En tous cas, avec des découvertes aussi singulières que celle-ci, la planète rouge n'a pas fini de jouer avec notre imagination...