Des chercheurs du MIT viennent de découvrir une astuce pour casser un spaghetti sans qu’il se brise en de multiples morceaux. Une trouvaille pas si futile que ça.


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    Le casse-tête qui turlupinait les scientifiques depuis de nombreuses années vient enfin d'être résolu : des chercheurs du MIT viennent de découvrir la technique pour casser un spaghetti en deux morceaux. L'énigme restait entière depuis que le physicienphysicien américain et prix Nobel Richard Feynman, passant des heures à casser des spaghettis dans sa cuisine, fit remarquer que le spaghetti se brisait systématiquement en trois ou quatre morceaux, mais jamais en deux.

    En 2005, deux chercheurs français du laboratoire de modélisation mécanique de l'université Pierre et Marie-Curie (Paris), Basile Audoly et Sébastien Neukirch, avaient fourni l'explication du phénomène. Lorsque le spaghetti est plié, il se forme une onde de surcourbure qui se propage de bout en bout du spaghetti. Même les bouts déjà cassés subissent cette onde, ce qui fait que le spaghetti continue à se briser en plusieurs morceaux après la première cassure. Cette brillante démonstration avait été récompensée d'un prix Ig Nobel en 2006.

    Lorsqu’on le courbe, le spaghetti se casse en plusieurs morceaux. © MIT
    Lorsqu’on le courbe, le spaghetti se casse en plusieurs morceaux. © MIT

    Tordre le spaghetti sur lui-même pour vaincre le stress de courbure

    Le problème semblait donc impossible à résoudre, sauf pour deux étudiants du MIT particulièrement persévérants. Ronald Heisser et Vishal Patil ont passé des heures à torturer plus de 500 spaghettis dans tous les sens pour découvrir enfin comment les casser proprement en deux. Pour leurs tests, ils ont fixé le spaghetti entre deux pinces, l'une tournant le spaghetti à différents degrés (un peu comme on essore un torchon) et l'autre le courbant jusqu'à ce qu'il cède. Le tout filmé par une caméra capable d'enregistrer un million d'images par seconde. 

    Préalablement tourné sur lui-même, le spaghetti peut se casser proprement en deux parties.  © MIT
    Préalablement tourné sur lui-même, le spaghetti peut se casser proprement en deux parties.  © MIT

    Des applications possibles dans de nombreux domaines

    Le secret pour obtenir deux morceaux de spaghetti est de le tordre à 360° avant de le courber délicatement. « La force de torsion se propageant plus rapidement que celle de surcoubrure, elle dissipe l'énergie de cette dernière, ce qui prévient des cassures supplémentaires », détaille Jörn Dunkel, le professeur associé coauteur de l'étude. La technique fonctionne pour différents diamètres, les chercheurs ayant testé des spaghettis Barilla n° 5 et Barilla n° 7 (ces derniers, plus épais, étant également appelés spaghettoni). Mais qu'en est-il pour d'autres formes de pâtes ? « Je pense que le cas des linguini (des nouilles plates) est différent, admet Jörn Dunkel. Notre modèle est conçu pour des pâtes à section cylindrique. »

    Tous ces efforts pour un simple spaghetti peuvent sembler bien futiles. Ils peuvent pourtant servir à d'autres applicationsapplications, par exemple pour le saut à la perche ou pour comprendre la façon dont un os se fracture. L'étude des contraintes appliquées aux matériaux est aussi très utile dans le domaine des infrastructures, pour étudier la résistancerésistance d'un pont ou mettre au point des bâtiments antisismiquesantisismiques.