Plus il fait froid, plus on boit… de l’alcool ! C’est la conclusion d’une étude menée par des hépatologistes américains. Ils espèrent que leurs travaux aideront à mettre en place des politiques de santé publique plus ciblées et plus efficaces.


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    « Dans ce bassin minier, il y a beaucoup de tabagisme et d'alcoolisme. » Cette phrase prononcée en janvier 2017 à l'occasion d'une visite dans le Pas-de-Calais par Emmanuel Macron, alors candidat à l'élection présidentielle et élu quelques mois plus tard, avait fait couler beaucoup d'encre. Des propos pour le moins maladroits, mais qui, plusieurs études en attestent, traduisent pourtant bien une certaine réalité.

    Une réalité, à en croire des travaux menés par des chercheurs de l'université de Pittsburgh (États-Unis), qui serait plus liée toutefois aux conditions climatiques locales qu'à une situation sociale. Ces médecins hépatologistes -- qui s'intéressent aux maladies du foiefoie, des voies biliaires et de la raterate -- avancent en effet que la consommation d’alcool a tendance à augmenter à mesure que les températures et l'ensoleillement diminuent.

    « Pourquoi les Russes boivent-ils autant d'alcool ? Et les habitants du Wisconsin ? Jusqu'alors, nous étions nombreux à supposer que ce soit à cause du froid. Notre étude est la première à montrer scientifiquement qu'en effet, partout où il fait plus froid, les gens consomment plus d'alcool et souffrent plus de cirrhosescirrhoses alcooliques », affirme ainsi Ramon Bataller, professeur de médecine à l'université de Pittsburgh.

    Sur cette carte, la consommation d’alcool en nombre de litres par habitant et par an (A), les moyennes de températures (B) et l’ensoleillement (C). © Université de Pittsburgh
    Sur cette carte, la consommation d’alcool en nombre de litres par habitant et par an (A), les moyennes de températures (B) et l’ensoleillement (C). © Université de Pittsburgh

    Chaleur et réconfort

    Il est important de souligner que les chercheurs ont pris soin de nettoyer autant que possible leurs statistiques des autres facteurs connus pour influencer la consommation d'alcool. Ainsi, une grande partie du monde arabe désertique ne consomme pas d'alcool pour des raisons religieuses. Mais les résultats de l'équipe de l'université de Pittsburgh restent les mêmes, y compris en excluant ces pays majoritairement de confession musulmane.

    Pour les expliquer, les chercheurs avancent le fait que l'alcool est un vasodilatateurvasodilatateur. Il augmente donc le débitdébit sanguin. Et un tel flux de sang chaud circulant sous la peau -- qui regorge de capteurs de températurecapteurs de température -- augmente la sensation de chaleur. Par ailleurs, la consommation d'alcool est régulièrement liée à des états dépressifs. Des états qui ont tendance à se multiplier ou à s'aggraver lorsque le soleil se fait rare et que les températures baissent.

    Certaines zones géographiques sont plus à risque

    Ces résultats pourraient permettre de concentrer les efforts des politiques publiques -- y compris au sein d'un pays -- de lutte contre l'alcoolisme et les maladies qui s'y rattachent sur les zones géographiques les plus « climatiquement » à risque.