Le printemps est arrivé sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko et les jours rallongent à sa surface. Une opportunité pour les équipes de l’Agence spatiale européenne (Esa) et du Cnes qui sont toujours sans nouvelles de Philae, l’atterrisseur de la mission Rosetta. Depuis le 8 mai, de nouvelles tentatives de contact sont en cours. Francis Rocard, responsable des programmes d'exploration du Système solaire au Cnes, nous détaille ces efforts et ces espoirs.

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    L'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) va de nouveau tenter de prendre le contact avec Philae. Depuis le 8 mai et pendant 10 jours, ses équipes, aidées de celles du Cnes, se relayent pour tenter de capter un signal du petit atterrisseur qui s'est posé le 12 novembre 2014 quelque part sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. Depuis le 15 novembre il reste silencieux et sourd à toutes les précédentes tentatives d'entrer en contact avec lui durant les mois de mars et avril. On pense savoir où se situe la région de son atterrissage, à l'intérieur d'une ellipse de 30 mètres par 50 mètres, dans un lieu ombragé. Les caméras de la sonde RosettaRosetta ne sont toujours pas parvenues à le voir.

    Par rapport aux deux précédentes tentatives, « les chances de succès sont augmentées en raison du seul fait que, jour après jour, la comète s'approche du Soleil », explique Francis RocardFrancis Rocard, responsable des programmes d'exploration du Système solaire au Cnes. Et c'est tout le pari de l'Esa et du Cnes qui veulent croire que les conditions requises sont aujourd'hui réunies. Bien que l'orientation des panneaux solaires de Philae ne soit pas connue, les contrôleurs au sol estiment que, compte tenu de l'allongement de la durée des journées sur la comète, le taux d'ensoleillement de Philae augmentera au fil du temps. Il sera alors possible de recharger les batteries, de redémarrer le robotrobot pour mieux prendre contact avec lui et finalement procéder à une nouvelle série d'expériences.

    L'activité de la comète entre le 31 janvier et le 25 mars 2015 a été observée par la sonde Rosetta. © Esa, Rosetta, Navcam

    L'activité de la comète entre le 31 janvier et le 25 mars 2015 a été observée par la sonde Rosetta. © Esa, Rosetta, Navcam

    La comète Tchouri bientôt à son périhélie

    En pratique pourtant, tout n'est pas aussi simple. « Nous ne pouvons pas dire avec certitude qu'il va se réveiller ». Si Philae doit atteindre une température d'environ moins 45 °C, encore faut-il qu'il conserve cette température suffisamment longtemps. En effet, à ce problème s'ajoute « qu'il ne suffit pas que la batterie soit chargée pour qu'il se réveille ». En effet, il doit réchauffer certaines parties vitales, dont la batterie, qui ne peut pas fonctionner tant qu'elle est froide. Ensuite, il doit communiquer avec Rosetta qui lui enverra des ordres de travail. Instaurer un cycle vertueux dans lequel la batterie se recharge et fait fonctionner les instruments ne sera pas simple.

    Il y a d'ailleurs une certaine urgence à nouer contact avec Philae. Le 13 août, la comète atteindra en effet son point le plus proche du Soleil (périhélie) avant de s'en éloigner et s'enfoncer dans les profondeurs du Système solaire. Si Philae ne s'est pas réveillé le 14 août, « il restera dans son sommeilsommeil à tout jamais ».

    Après un voyage de dix ans, la sonde Rosetta de l'Agence spatiale a atteint la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, le 6 août 2014. Trois mois plus tard, le 12 novembre, Philae était largué avec succès sur la comète mais ne se posait pas à l'endroit attendu. L'atterrissage de Philae ne s'est pas déroulé aussi bien que prévu. Au lieu de se harponner sur la surface de la boule de glace poussiéreuse, Philae a rebondi deux fois avant de se fixer à un angle dans un fossé sombre. Un atterrissage chaotique donc, mais qui n'a pas empêché Philae de travailler et de réaliser des expériences scientifiques jusqu'à l'épuisement de sa batterie qui autorisait quelque 60 heures d'activité. Depuis le 15 novembre, le robot est en veille mais peut-être s'est-il déjà réveillé sans pour autant pouvoir disposer de suffisamment de puissance pour émettre.