Quatre organisations scientifiques du Royaume-Uni ont lancé une enquête pour savoir si les singes doivent continuer à être utilisés dans le cadre de travaux de recherche biologique et médicale.

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    Crédits : CORDIS

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    L'enquête, présidée par Sir David Weatherall, un expert en génétiquegénétique de l'université d'Oxford, consistera en une évaluation scientifique rigoureuse qui permettra de savoir s'il existe des alternatives à l'utilisation de primatesprimates non humains dans la recherche. Cette étude, la première du genre, fait suite à de nombreux développements dans le domaine des sciences biomédicales ces dix dernières années, comme le séquençageséquençage du génomegénome humain.

    À l'heure actuelle, quelque 3.000 primates sont utilisés chaque année par des laboratoires britanniques, principalement dans le cadre d'expérimentations toxicologiques destinées à vérifier si les nouveaux composés médicamenteux sont susceptibles d'avoir des effets nocifs en cas d'expérimentations sur des humains.

    De nombreux scientifiques estiment que c'est la ressemblance physiologique entre les singes et les humains qui fait de ces premiers des outils puissants dans le cadre de la recherche sur les maladies et la biologie fondamentale des humains.

    D'autres, en revanche, sont d'avis que les nouvelles technologies, par exemple le développement de souris génétiquement modifiées à partir de gènesgènes humains, pourraient dans certains cas fournir un meilleur modèle à partir duquel étudier ces maladies.

    L'étude, qui réunira des scientifiques non spécialistes de la recherche sur les primates, permettra d'analyser la base scientifique récente, actuelle et future sur laquelle repose la recherche à l'aide de primates non humains.

    "Quelles sont les utilisations actuelles des primates dans la recherche médicale et est-il crucial qu'elles se poursuivent? Est-il possible de recourir à d'autres approches ? Les nouveaux développements sont-ils susceptibles d'engendrer d'autres systèmes expérimentaux modèles pour lesquels le recours aux primates non humains deviendrait moins important voire sans importance ?", a demandé Sir David.

    "Nous espérons identifier des domaines dans lesquels des solutions alternatives, telles que l'emploi de souris génétiquement modifiées ou la modélisation informatique, pourraient constituer une option adéquate", a déclaré Sir David. "L'étude s'intéressera également aux domaines de recherche dans lesquels ce besoin est susceptible de perdurer. Nous mettons l'accent sur les aspects scientifiques et essayons de poser des questions sur le rôle actuel et futur des primates ainsi que sur les solutions alternatives qu'offrent les développements scientifiques actuels et futurs afin de réduire ce besoin", a-t-il ajouté.

    Lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision BBC News, Colin Blakemore, du Conseil médical de la recherche (MRC) britannique - qui, avec la Royal Society, l'Academy of Medical Sciences et le Wellcome Trust, finance ce projet de 20.000 livres sterling (28.774 euros) -, a expliqué que les représentants de la science traditionnelle estiment qu'un certain niveau d'expérimentation restera nécessaire.

    "Chez les singes, certains systèmes d'organes sont tout à fait similaires à ceux des humains, ce qui les rend plus particulièrement adaptés à la recherche médicale - c'est surtout le cas des systèmes reproductif, hormonal et immunitaire, ainsi que des poumonspoumons et du cerveaucerveau", a déclaré le professeur Blakemore.

    "La recherche sur les singes a joué un rôle particulièrement important dans le développement de vaccinsvaccins - notamment celui de la polio - mais également, plus récemment, dans le cadre d'essais relatifs à d'éventuels vaccins anti-VIHVIH. Elle a par ailleurs été essentielle au développement de nouveaux traitements de l'hépatitehépatite, des troubles de la reproduction, de l'infertilitéinfertilité, entre autres, et, à l'avenir, elle occupera une place cruciale dans le développement des traitements des troubles cérébraux", a-t-il expliqué au journaliste de BBC News.

    Les groupes de protection des animaux demandent aux chercheurs d'éviter purement et simplement d'utiliser des primates, étant donné leur sensibilité à la peur, à la douleurdouleur et à la souffrance.

    Les preuves doivent être soumises avant le 1er juin dans le cadre de l'enquête et les intéressés espèrent pouvoir en rendre compte en début d'année prochaine.