Petit séisme dans l'univers du diamant : le géant mondial de la joaillerie De Beers vient d’annoncer qu’il allait commercialiser des diamants fabriqués en laboratoire, ressemblant aux vrais comme deux gouttes d’eau et pour une fraction de leur prix.

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    Le revirement est historique. Après avoir longtemps décrié les diamants synthétiques et prôné l'authenticité de ses pierres précieusespierres précieuses, De Beers, filiale du géant minier anglo-américain, a annoncé qu'il allait lancer en septembre une nouvelle marque de diamants fabriqués en laboratoire, LightBox.

    Le groupe va investir 94 millions de dollars sur quatre ans pour atteindre une production annuelleannuelle de 500.000 caratscarats. Objectif : séduire une clientèle plus jeune, qui n'a pas les moyens de s'offrir des pierres minées. De Beers prévoit ainsi un prix de 800 dollars (680 euros au cours actuel) pour un carat ; c'est dix fois moins cher qu'un diamant naturel et cinq fois moins cher que les actuels diamants de laboratoire.

    Car depuis le premier diamant artificiel synthétisé en 1943, la technique est aujourd'hui largement au point. Avec sa filiale Element Six, De Beers est d'ailleurs déjà un des principaux producteurs. Mais jusqu'ici, ses diamants de synthèse étaient uniquement destinés au marché industriel. Contrairement à d'autres fabricants, qui ont recours à de l'oxyde de zirconium ou de la moissanitemoissanite, les diamants fabriqués par Element Six présentent les mêmes caractéristiques physiques et la même composition chimique que les diamants naturels.

    Diamants naturels ou artificiels : que choisir ? © Jezper, Fotolia

    Diamants naturels ou artificiels : que choisir ? © Jezper, Fotolia

    De Beers veut un logo invisible à l'œil nu

    En réalité, ils sont plutôt « cultivés » que « fabriqués », un peu comme les perles de culture. Element Six utilise un procédé nommé CVD (Chemical Vapor Deposition ou Dépôt chimique en phase vapeur). Un substrat (diamant ou silicium) est placé dans une chambre à micro-ondes et chauffé avec un plasma à très haute température (autour de 6.000 °C), tout en étant bombardé d'un mélange gazeux de méthane (CH4) et de dihydrogène H2.

    Le diamant est ainsi peu à peu cristallisé et, après 400 à 500 heures, on obtient une pierre qui peut ensuite être découpée et taillée. Il est même possible d'obtenir des pierres blanches, roses ou bleues. « La technologie est si avancée que les experts ont besoin d'une machine pour distinguer les gemmesgemmes synthétisées des gemmes minières », souligne Bloomberg. Afin d'éviter tout risque de fraude, LightBox va graver au laserlaser tous ses « faux » diamants avec un logo invisible à l'œilœil nu.

    Des diamants plus écologiques et plus éthiques

    Pour l'instant, le diamant synthétique ne représente que 3 % du marché mondial, estimé à 127,4 millions de carats. Mais la production grimpe en flèche, passant de 350.000 carats en 2014 à 4,2 millions de carats en 2016, et elle devrait croître encore plus vite dans les prochaines années. D'autant plus que les conditions de travail dans les mines de diamants sont régulièrement pointées du doigt par les ONG. Malgré le processus de Kimberley, lancé en 2002 pour lutter contre les « diamants de sang », le commerce illégal continue de prospérer, notamment en Afrique, qui concentre les deux tiers de la production mondiale. L'impact environnemental du minageminage est également critiqué : pour chaque carat de diamant extrait, il faut ainsi déplacer 3,10 tonnes de terre et consommer 2.500 litres d'eau.