Le 30 mars, une capsule Soyouz se posait sans encombre sur Terre, avec à son bord deux cosmonautes russes et un astronaute américain. Si le retour était prévu depuis plusieurs mois, les tensions géopolitiques entre l'Occident et la Russie suscitaient les questionnements des observateurs. 


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    Retour sur Terre inhabituel pour les astronautes de la Station spatiale internationale. Le 23 mars 2022 à 13 h 28 (heure française), une capsule SoyouzSoyouz MS-19 atterrissait à proximité de la base spatiale de BaïkonourBaïkonour, située au Kazakhstan. L'opération s'est déroulée sans encombre, permettant aux cosmonautes russes Anton Shkaplerov, Pyotr Dubrov et à l'Américain Mark T. Vande Hei de retrouver la terre ferme. Ce retour se déroule dans un contexte pour le moins particulier, les tensions entre les États-Unis et la Russie atteignant leur paroxysme depuis la mise en place de sanctions économiques sévères par l'Occident dès les premiers jours de l'invasion russe en Ukraine.

    Mark Vande Hei accueilli par des ingénieurs russes et américains à la sortie de la capsule Soyouz MS-19. © Nasa, Roscosmos
    Mark Vande Hei accueilli par des ingénieurs russes et américains à la sortie de la capsule Soyouz MS-19. © Nasa, Roscosmos

    Un retour réussi malgré les incertitudes

    La situation géopolitique obscurcit le retour des trois astronautes. Le groupe a passé 355 jours à bord de l'ISS, un véritable exploit, à quelques semaines du record de Valeri Polyakov, cosmonaute ayant vécu 437 jours sur la station spatiale MirMir de 1994 à 1995. Le retour de Mark Vande Hei inquiétait les observateurs, quelques semaines auparavant. Le directeur général de l'agence spatiale russe Roscosmos, Dmitri Rogozin, multipliait les annonces belliqueuses sur TwitterTwitter, menaçant de ne plus équilibrer l'ISS avec le vaisseau Progress ou encore d'abandonner Vande Hei sur la station. 

    Face à un tel risque, la Nasa a rapidement publié un communiqué, assurant que l'astronaute rentrerait bel et bien à bord du vaisseau Soyouz le 30 mars, en collaboration avec les ingénieurs de Roscosmos. Elon MuskElon Musk a réagi en indiquant qu'une capsule Crew Dragon serait prête à être lancée pour rapatrier Vande Hei si nécessaire. Le journal Bloomberg rappelait que l'abandon d'un astronaute à bord de l'ISS représentait une infraction selon les dispositions de l'Outer Space Treaty (Traité de l'espace) de 1967 et du Rescue and Return Agreement (Accord de sauvetage et rapatriement) de 1968.

    Photographie à l'intérieur de la capsule Soyouz. De droite à gauche, P. Dubrov, A. Shklaperov, M. Vande Hei. © Roscosmos
    Photographie à l'intérieur de la capsule Soyouz. De droite à gauche, P. Dubrov, A. Shklaperov, M. Vande Hei. © Roscosmos

    Retour sans escale aux États-Unis

    Dubrov, Shkaplerov et Vande Hei ont été extirpés de la capsule Soyouz peu après l'atterrissage dans les steppessteppes kazakhes. Les trois hommes ont été acheminés en hélicoptèrehélicoptère jusqu'à Karaganda, toujours au Kazakhstan. Si l'Américain a été accueilli aussi chaleureusement que ses comparses russes, il devrait revenir sans tarder aux États-Unis à bord d'un avion Gulfstream. Il arrivera directement à Houston, au Texas.

    Sur l'ISS, les opérations scientifiques conjointes se poursuivent malgré les conflits terrestres. La station abrite trois Américains (T. Mashburn, K. Barron, R. Chari), trois Russes (S. Korsakov, D. Matveev, O. Artemyev) et un Allemand (M. Maurer). Signe d'une indéfectible camaraderie à 400 kilomètres d'altitude, Shklaperov remettait à Thomas Mashburn la symbolique clé de commandement de l'ISS, prenant le contre-pied de Dmitri Rogozin. « Nous sommes une seule et même équipe, l'ISS est un symbole d'amitié et de coopération, et un symbole de l'exploration spatiale », annonçait alors le cosmonaute russe.