Pour étudier les climats passés, il y a les forages dans les glaces et l’étude des végétaux fossiles. Mais il y a aussi les témoignages écrits par les hommes, et notamment les religieux du Moyen Age, à une époque où ils étaient les seuls à consigner les observations météorologiques.

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    La chapelle Notre-Dame de l’abbaye d’Einsiedeln, qui date du XVIIIè siècle, une époque où la société civile a remplacé les ordres religieux pour l’observation météo. © Kloster Einsiedeln

    La chapelle Notre-Dame de l’abbaye d’Einsiedeln, qui date du XVIIIè siècle, une époque où la société civile a remplacé les ordres religieux pour l’observation météo. © Kloster Einsiedeln

    Depuis les études classiques des années 1960 menées par Emmanuel Le Roy Ladurie, les archives religieuses sont bien connues pour receler des trésors en histoire du climatclimat depuis le Moyen Age. Cela se retrouve par exemple en Amérique Latine dès le XVIe siècle où cinq ordres religieux (franciscains, dominicains, augustins, mercédaires puis jésuites) prirent en charge une grande partie du rôle traditionnel de l'Etat comme dans tous les domaines de la couronne espagnole.

    L'actualité, c'est l'utilisation des archives de l'abbaye bénédictine d'Einsiedeln entre 1671 et 1704 par un historienhistorien de l'Université de Berne, Christian Pfister. Einsiedeln, abbaye qui remonte au Xe siècle et régie selon la règle de Saint-Benoît, est le grand sanctuaire marial de la Suisse, fameux pour sa Vierge noire. Elle est située dans le canton germanophone de Schwytz. Les archives sont celles du Frère bénédictin Josef Dietrich (1645-1704). Elles sont amoureusement conservées par Konrad (Josef Nikolaus) Hinder, 74 ans, l'un de ses lointains successeurs qui en sait toute la valeur et qui est devenu depuis des décennies le météorologuemétéorologue du monastère.

    Archives du temps qu’il fait.

    En Suisse, l'hiverhiver 2006-2007 s'est montré particulièrement clément. En Europe centrale et du nord, l'automneautomne 2006 fut le plus doux depuis 1000 ans et au début du mois de décembre, des Suédois ramassaient encore des champignonschampignons. A l'inverse, les archives d'Einsiedeln entre 1671 et 1701 sont pleines d'informations précises sur les conséquences d'hivers extrêmement rigoureux, comme le rapporte aujourd'hui le Frère Konrad Hinder. « Le 11 janvier 1684, le vin de messe s'est congelé dans le calicecalice et cela n'est jamais arrivé depuis que j'ai été ordonné prêtre » témoigne Frère Josef Dietrich, qui ajoute : « le 13 janvier 1684 à Einsiedeln, le gelgel fut pire encore et jamais il ne fit si froid de mémoire humaine ».

    Ces témoignages sont venus s'ajouter à l'immense banque de données Euro-Climhist, une collection d'archives qui raconte l'histoire du climat en Europe depuis l'an mille. Christian Pfister l'a initiée à la fin des années 1970 et l'a en suite patiemment construite avec Urs Dietrich-Felber et l'aide de nombreux collègues. Le projet est soutenu par la Fondation nationale suisse pour la science, l'université de Bern et le National Centre of Competence in Research on Climate. Les chercheurs peuvent consulter cette base, qui a été mise en ligne par l'université de Bern.