Pour clôturer notre saga martienne à l'occasion de l'opposition de la Planète rouge, rappelons-nous de l'épopée Viking. Lancées en 1975, deux sondes sont, l'année suivante, les premiers émissaires des Terriens à se poser sur la Planète rouge.


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    En 1970, Mars semble à la fois très proche et pourtant difficile à atteindre. Après la Lune et le succès des missions ApolloApollo, cette planète est devenue l'objectif suivant pour les deux grandes puissances de l'époque. Son exploration ne se passe pourtant pas toujours comme le voudraient les scientifiques : de nombreuses sondes, en particulier soviétiques, tombent en panne pendant le trajet ou cessent de fonctionner une fois en orbite !

    Les Américains obtiennent quelques jolis succès avec le programme Mariner, qui se met en orbite autour de Mars, et envisagent alors de déposer sur Mars deux atterrisseurs. Ce sera le programme Vikingprogramme Viking.

    L’atterrisseur Viking avec son bras mécanique sombre (la coiffe du bras, au sol à gauche, était éjectée après l’atterrissage). Crédit Nasa
    L’atterrisseur Viking avec son bras mécanique sombre (la coiffe du bras, au sol à gauche, était éjectée après l’atterrissage). Crédit Nasa

    Viking 1Viking 1 et Viking 2Viking 2 sont lancés en août et septembre 1975. Avec un budget de près d'un milliard de dollars, les ingénieurs américains ont conçu deux véhicules spatiaux composés chacun d'un satellite d'observation qui restera en orbite martienne et d'un atterrisseur qui se posera sur la planète.

    Les orbiteurs ont un double objectif, d'abord sélectionner le site idéal pour y envoyer l'atterrisseur puis cartographier la surface de la planète. Les atterrisseurs (qui ne sont pas équipés pour se déplacer) sont conçus pour rechercher des formes de vie élémentaires, ainsi que pour étudier la météorologiemétéorologie sur leur site et réaliser des images des paysages qui les entourent.

    De la glace dans la région d’Utopia, image réalisée le 18 mai 1979 par Viking 2. Crédit Nasa

    De la glace dans la région d’Utopia, image réalisée le 18 mai 1979 par Viking 2. Crédit Nasa

    Chryse et Utopia : des endroits suffisamment tranquilles pour une première visite

    Viking 1 devait toucher le sol le 4 juillet 1976, jour de la commémoration du bicentenaire de l'indépendance des Etats-Unis, mais les ingénieurs préférèrent attendre le 20 juillet pour faire atterrir le robotrobot dans un lieu plus sûr, le bassin de Chryse. Le 3 septembre, c'était au tour de Viking 2 de toucher le sol dans la région d'Utopia.

    Nul doute que l'astronomeastronome italien G. Schiaparelli n'aurait pu se douter, alors qu'il établissait la nomenclature des différentes régions martiennes à la fin du 19ème siècle, que les plaines de Chryse et d'Utopia seraient les premières à accueillir des robots terriens. Les terrains choisis avaient fait l'objet d'une sélection rigoureuse : pas trop éloignés de l'équateuréquateur pour des raisons de communication et de températures, pas trop accidentés et épargnés par les ventsvents violents.

    Pour les scientifiques, il était évident que les terrains les plus sûrs étaient également les moins intéressants de tous les points de vue, géologiques, météorologiques, biologiques... Mais c'était le prix à payer pour espérer réussir une telle mission.

    Prélèvement d’un peu de sol martien par le bras mécanique pour analyse. Crédit Nasa
    Prélèvement d’un peu de sol martien par le bras mécanique pour analyse. Crédit Nasa

    Les premières images retransmises par les Viking montrèrent un paysage rouge et désolé composé de blocs de pierres et de dunes. C'est dans cet environnement hostile et glacé que les deux robots allaient brillamment travailler pendant plus de 6 ans pour Viking 1 et plus de 3 ans pour son frère jumeaujumeau.

    Ne pouvant se déplacer, les atterrisseurs disposaient d'un bras mécanique qui leur permettait de prélever des matériaux à la surface de Mars pour les rapporter vers le laboratoire interne. Celui-ci proposait cinq expériences qui concernaient la recherche de vie microbienne et de molécules organiques ainsi que la chimie inorganique. Les résultats de ces analyses firent longtemps débat : certaines expériences positives laissèrent entendre que la vie avait été détectée mais les scientifiques s'accordèrent finalement pour considérer qu'on avait observé des réactions chimiques et non biologiques.

    A quelques mètres de Viking 1, le rocher <em>Big Joe</em> donna quelques frayeurs rétrospectives aux scientifiques. Si l’atterrisseur s’était posé dessus, il aurait basculé, perdant tout contact avec la Terre. Crédit Nasa
    A quelques mètres de Viking 1, le rocher Big Joe donna quelques frayeurs rétrospectives aux scientifiques. Si l’atterrisseur s’était posé dessus, il aurait basculé, perdant tout contact avec la Terre. Crédit Nasa

    Quoi qu'il en soit le programme Viking aura été un immense succès. 35 ans après, toutes les données de la missions n'ont pas encore été dépouillées, tant le volumevolume de mesures a été impressionnant : depuis les orbiteurs, ce sont 52.000 images de la surface de Mars et de ses satellites qui ont été acquises.

    Au sol, les Viking ont enregistré plus de 4.500 vues des paysages et de l'opacité de l'atmosphèreatmosphère ainsi que plusieurs millions de mesures météorologiques, sismiques et chimiques. Le programme Viking allait ouvrir en fanfare une nouvelle ère, celle de l'exploration de la surface martienne par des robots mobilesmobiles.