Arpentant le ciel avec sa modeste lunette, Galilée remarqua l'étrange physionomie de Saturne en juillet 1610. La planète semblait accompagnée par deux anses de part et d'autre. Il fallut près d'un demi-siècle pour expliquer cet étrange phénomène.

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    En organisant des observations (ici avec deux cardinaux) Galilée espérait faire accepter son modèle d'Univers héliocentrique en accord avec ses découvertes astronomiques. Peinture de Jean-Léon Huens.

    En organisant des observations (ici avec deux cardinaux) Galilée espérait faire accepter son modèle d'Univers héliocentrique en accord avec ses découvertes astronomiques. Peinture de Jean-Léon Huens.

    Le 25 juillet 1610, GaliléeGalilée se lève très tôt, décidé à observer SaturneSaturne. Ce scientifique renommé âgé de 46 ans est à Florence depuis 15 jours. Il vient de quitter l'Université de Padoue où pendant 18 ans il a pu enseigner les mathématiques et l'astronomie, jouissant d'une grande liberté pour mener ses recherches. Padoue, qui appartient à la puissante République de Venise, a offert à Galilée la possibilité de perfectionner la lunette d'approche qui intéresse tant les chefs militaires de l'arsenal.

    Depuis quelques mois Galilée en a détourné l'usage pour observer le ciel, et les découvertes se succèdent : surface cratérisée de la Lune, étoiles dans la Voie Lactée, satellites de JupiterJupiter. Ces derniers sont nommés "astres médicéens", l'occasion pour Galilée de rendre hommage à un de ses anciens élèves, Cosme II de Médicis, qui est alors grand-duc de Toscane. Cosme II a invité Galilée à venir faire observer les astres à la cour de Toscane le 10 avril 1610 ; c'est un triomphe qui vaut à l'astronomeastronome d'être nommé premier mathématicienmathématicien et premier philosophe auprès du grand-duc.

    Les premières représentations de Saturne au début du dix-septième siècle témoignent déjà de l'aspect changeant de la planète, qu'on expliquera qu'à partir de 1656. Numéro du dessin, auteur, année : I. Galilée, 1610. II. Scheiner, 1614. - III. Riccioli, 1640. - IV à VIII. Hévélius, 1640 à 1650. - VIII et IX Riccioli, 1648, 1650. - X. Eustache de Divinis, 1647. - XI. Fontana, 1648. - XII. Gassendi, 1645. - XIII. Riccioli, 1630. Crédits DR

    Les premières représentations de Saturne au début du dix-septième siècle témoignent déjà de l'aspect changeant de la planète, qu'on expliquera qu'à partir de 1656. Numéro du dessin, auteur, année : I. Galilée, 1610. II. Scheiner, 1614. - III. Riccioli, 1640. - IV à VIII. Hévélius, 1640 à 1650. - VIII et IX Riccioli, 1648, 1650. - X. Eustache de Divinis, 1647. - XI. Fontana, 1648. - XII. Gassendi, 1645. - XIII. Riccioli, 1630. Crédits DR

    1610, une année de découvertes astronomiques

    Galilée prend ses fonctions à Florence le 10 juillet et le 25 juillet à l'aube il pointe Saturne. Il sait qu'il s'agit d'une planète, un astre dont les hommes observent le lent mouvementmouvement au milieu des constellationsconstellations depuis l'Antiquité, mais il n'a aucune idée de ce qui l'attend. Le 7 janvier de la même année il a découvert quatre petits points se déplaçant autour de Jupiter au fil des nuits, ses 4 satellites. En admirant Saturne dans sa modeste lunette, Galilée n'est qu'à demi surpris : on dirait encore une planète entourée de deux satellites, un de chaque côté cette fois-ci. L'astronome consigne ses observations en latin :  "Altissimum planetam tergeminum observavi", "j'ai observé que la planète la plus haute est triple". Deux ans plus tard, les satellites n'y sont plus !

    La lunette de Galilée est insuffisante pour comprendre un phénomène que découvrira l'astronome hollandais Christian HuygensChristian Huygens en 1656 : Saturne est une planète entourée d'anneaux que l'on voit s'ouvrir et se refermer au fil des années. L'inclinaison du plan de ces anneaux varie en raison des mouvements de la Terre et de Saturne. Galilée poursuivra ses observations et ses découvertes après cette fameuse nuit de juillet 1610. En août il découvrira les taches sur le SoleilSoleil, en septembre les phases de VénusVénus. Ses observations réalisées en janvier 1613 semblent montrer qu'il a peut-être même découvert Neptune.

    Emporté par sa passion et ses convictions, Galilée jette les bases de l'héliocentrisme. Il ne voit pas arriver les premières attaques de ses détracteurs, attachés à la théorie géocentriquegéocentrique d'AristoteAristote que l'Église a adopté depuis longtemps. Les soucis ne font que commencer ; ils vont s'accumuler jusqu'en 1633 et la condamnation de l'astronome.