Le projet refait surface : exhumer Galilée pour analyser son ADN avec l'idée de mieux comprendre la maladie de la vision dont il souffrait et retrouver le regard de l'artiste et du savant... Il ne manque que 300.000 euros.

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    Il regarde le peintre, Justus Sustermans, mais ne le voit sans doute pas. En 1636, Galilée était aveugle ou presque. © Licence Commons

    Il regarde le peintre, Justus Sustermans, mais ne le voit sans doute pas. En 1636, Galilée était aveugle ou presque. © Licence Commons

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    L'idée a germé chez un groupe de chercheurs italiens menés par Paolo Galluzzi, directeur de l'Istituto e museo di storia della scienza, à Florence : analyser l'ADNADN de GalileoGalileo Galilei, dit GaliléeGalilée. Depuis le 12 mars 1737, le corps de Galilée, mort en 1642, repose dans la basilique de Santa-Croce, à Florence. Il n'y a donc qu'à aller l'y chercher. Mais pour quelle raison ? Pour tenter de comprendre la maladie des yeuxyeux dont il souffrait. Galilée, en effet, s'est plaint de troubles de la vision dès sa jeunesse et a eu toute sa vie une mauvaise vue avant de devenir aveugle durant les dernières années de sa vie.

    D'après les descriptions de ses troubles, il est admis que sa maladie devait être génétiquegénétique. Analyser ses chromosomeschromosomes permettrait donc - peut-être - d'établir un diagnosticdiagnostic. Or, pour un peintre et un astronomeastronome, comprendre les défauts de sa vision permettrait de mieux analyser ses travaux et ses conclusions.

    L'exemple est célébrissime. Galilée, en pointant sa lunette vers SaturneSaturne en 1610, ne l'a pas vue entourée d'un anneau mais flanquée de deux sortes d'oreilles, des ansesanses selon l'expression de l'époque (c'est le Hollandais Christiaan Huygens qui comprendra en 1656 qu'il s'agit d'une structure annulaire). L'illustre astronome a eu aussi tendance, raconte Paolo Galluzzi, à repérer des satellites inexistants autour de plusieurs planètes après son observation de ceux de JupiterJupiter.

    Une opération complexe

    Les lunettes qu'il a utilisées n'étaient pas si mauvaises, atteignant des diamètres de plusieurs dizaines de centimètres pour un grossissement de plusieurs dizaines de fois. Mais elles souffraient de nombreux défauts. La question se pose donc de savoir si les erreurs d'observation sont dues à la mauvaise vue de l'astronome ou bien à son instrument. De même, on ignore quel rôle a joué sa maladie oculaire dans ses croquis détaillés du relief lunaire.

    Cette idée d'exhumation a été publiquement lancée l'an dernier au mois de mars mais n'a apparemment pas reçu tout le soutien voulu. Administrativement, l'opération est complexe. De nombreuses personnes restent à convaincre. Elle implique également plusieurs intervenants, un institut d'optique italien, l'Observatoire d'Arcetri ainsi que deux spécialistes britanniques, dont Peter Watson, président de l'International Council of Ophthalmology. Financièrement aussi, cette analyse a un coût que Paolo Galluzzi estime à au moins 300.000 euros, un budget qu'il reste à boucler. Devenue officiellement Année de l'astronomie, 2009 est sans doute un bon moment pour relancer ce projet.