À l'ère du New Space, toutes les bonnes idées d'utilisation de la donnée spatiale donnent naissance à des projets solides de satellites, dont certains sont réunis en constellation. Parmi les projets les plus innovants, découvrons celui du Canadien Northstar et sa constellation de petits satellites dédiée à la surveillance de l'espace et à la gestion du trafic spatial.


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    Il y a quelques jours, nous avons mis en avant les services innovants de la start-upstart-up française Unseenlabs dont sa constellation est capable de voir, depuis l'espace, des navires dits invisibles. Aujourd'hui, nous vous proposons de découvrir NorthStar, une start-up canadienne qui développe une constellation de satellites pour fournir des services de surveillance de l'espace et de gestion du trafic spatial.

    NorthStar sera la première entreprise privée à surveiller depuis l'espace l'ensemble des orbites à proximité de la Terre de façon à compléter et améliorer dans certains cas les données fournies par les États et les agences spatiales.

    Le saviez-vous ?

    Les systèmes spatiaux sont devenus si essentiels pour un large éventail d'activités économiques, scientifiques et militaires que la surveillance de l’espace est devenue un enjeu stratégique pour les puissances spatiales et les opérateurs de satellites. Aujourd’hui, cette surveillance de l’espace est principalement assurée depuis le sol par des moyens d’observation radar et dans l’optique. Des satellites militaires sont également utilisés pour surveiller l’infrastructure spatiale des pays concernés.

    Améliorer la sécurité et la durabilité des opérations dans l’espace

    Pour comprendre l'intérêt de cette constellation, il faut savoir que les « orbites proches de la Terre représentent environ 300 billions de km3 de volume à surveiller », nous explique Stewart Bain, président-directeur général et cofondateur de NorthStar Ciel & Terre. Or, précise-t-il, « la majeure partie de la Terre est recouverte d'eau et de zones difficiles d'accès, ce qui crée des lacunes dans la couverture de surveillance lorsque l'on observe l'espace depuis le sol ». La surveillance depuis l'espace permet donc une « couverture active in situ, corrige ces lacunes et augmente la précision et la rapiditérapidité associées au suivi des objets dans l'espace ».

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    Pour Christophe Bonnal, spécialiste français des débris spatiaux au Cnes, « la situation est critique » et force est de constater que le syndrome de Kessler est « installé et chaque nouveau satellite a de 5 à 8 % de chances d'être détruit par l'impact d'un débris, selon deux études financées par la Commission européenne ». À certaines orbites, la densité des débris en orbite terrestre basse est « suffisamment forte pour que les collisions entre les objets et les débris créent une réaction en chaîne », chaque collision générant des débris qui augmentent à leur tour la probabilité de collisions supplémentaires. Chaque année, on estime qu'« une dizaine de satellites sont mis hors service, victimes d'un débris » !

    Vue d’artiste d’un cubesat de la constellation NorthStar. © NorthStar
    Vue d’artiste d’un cubesat de la constellation NorthStar. © NorthStar

    Des informations très précises sur les débris orbitaux de toute sorte

    La mise en service de cette constellation est prévue dans le courant de l'année 2024 avec « un premier lancement de quatre satellites dès le mois de janvier ». Ils seront mis en orbite par un lanceur ÉlectronÉlectron de Rocket Lab. À terme, la constellation NorthStar comptera 24 petites satellites en orbite basse (des cubsats de 12 à 20 unités). Chaque satellite sera équipé de « capteurscapteurs électro-optiques conçus pour détecter les objets spatiaux (RSO) ». Depuis une orbite d'environ 530 kilomètres, ils surveilleront en permanence et sans discontinuité toutes les orbites proches de la Terre afin « d'améliorer la précision et l'alerte avancée en cas de menaces et de collisions dans l'espace ».

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    Concrètement, ils seront capables d'améliorer les modèles mathématiques existants et de mesurer les « vecteurs d'état et d'analyse prédictive des éphémérides pour soutenir les produits personnalisés en fonction des besoins de nos clients ». En effet, il faut savoir que si aujourd'hui les collisions dans l'espace sont rares, notamment grâce à une surveillance efficace principalement réalisée par le réseau de surveillance des États-Unis, ce n'est pas le cas des manœuvres d’évitement qui année après année deviennent plus fréquentes. Or, ces manœuvres d'évitement sont des opérations longues et coûteuses que les opérateurs de satellites, qu'ils soient institutionnels, privés, scientifiques ou militaires, apprécieraient beaucoup de s'en passer.