Parmi les grandes aventures humaines, celle du premier atterrissage sur la Lune figure en bonne place. Mais quelques mois plus tôt, l'Homme avait déjà atteint l'orbite lunaire. Il y a exactement quarante ans de cela.
Apollo 8 marque une étape capitale dans la conquête de la Lune. Le 21 décembre 1968 à 12 h 51 TU, le deuxième exemplaire de la fusée géante Saturne 5 s'arrachait de Cap Canaveral, propulsant le vaisseau de 28,833 tonnes sur une orbite terrestre de 181 x 191 kilomètres. A bord se trouvaient Frank Borman (commandant), James Lovell (pilote du module de commande) et William Anders (pilote du module lunaire). Ce module, dernier élément du "train spatial", était toutefois absent, seuls le module de service et la capsule Apollo étant utilisés.
Les premiers hommes à perdre le contact avec la Terre...
Le lancement proprement dit s'est déroulé de façon presque optimale. Seule une légère perte de puissance (0,75%) sur le premier étage a entraîné un surcroît de poussée de 2,45 secondes, et un léger effet pogo a été ressenti durant la première phase de l'ascension.
Au bout d'une révolution, le moteur du troisième étage était réallumé, et Apollo accélérait de 7.793 à 10.822 m/seconde, quittant l'orbite pour s'élancer vers notre satellite.
Le point d'équilibre gravitationnel était atteint après 55 heures et 40 minutes de vol, alors que le vaisseau se trouvait à 62.377 km de la surface lunaire, dont ils s'approchaient à une vitesse relative de 1.216 m/seconde. A la 61e heure de vol, l'équipage, qui calculait plan de vol et manœuvres à effectuer au moyen de l'ordinateur de bord, alluma le moteur d'Apollo durant 11 secondes afin de décélérer de 0,6 m/seconde, ce qui permettrait au vaisseau de préparer son insertion en orbite.
Après 68 heures et 58 minutes de vol, Apollo passa derrière la Lune et perdit ainsi tout contact avec la Terre. L'équipage donna l'impulsion finale. Apollo s'inscrivait sur une orbite lunaire de 111,9 x 311,1 km décrite en 128,7 minutes.
Après avoir émergé de la face cachée qu'il venait de survoler, Apollo reprenait contact avec la Terre, tandis que les techniciens ne dissimulaient pas leur soulagement devant la réussite de la manœuvre.
Premier témoignage
Ce fut Lovell qui prit la parole. Après avoir rendu compte de l'état du vaisseau, l'astronaute décrivit ce qu'ils venaient de voir : « la Lune est essentiellement grise, sans couleur ; ressemble au plâtre ou à une espèce de sable de plage grisonnant. On peut voir pas mal de détails. La Mer de la Fertilité ne se présente pas aussi bien ici qu'elle le fait sur Terre. Il n'y a pas autant de contraste entre elle et les cratères environnants. Les cratères sont tout arrondis. Il y en a pas mal, certains sont plus récents. Beaucoup d'entre eux -- particulièrement les arrondis -- ont l'air d'avoir été frappés par des météorites ou des projectiles divers. Langrenus est plutôt un gros cratère ; il a un cône au centre. Les murs du cratère sont aplatis, environ six ou sept terrasses différentes là-dessous ».
Au cours des dix orbites autour de la Lune, 700 photographies furent prises de la Lune, essentiellement de la face cachée et des futures zones d'atterrissage (la date de lancement avait été choisie afin que la Mer de la Tranquillité, où devaient se poser les premiers hommes sept mois plus tard, soit idéalement éclairée), et 150 de la Terre.
Le voyage de retour, entamé le 25 décembre, se déroula sans incident. Dans l'après-midi, l'équipage découvrit par hasard (ou presque) un petit cadeau dissimulé dans un compartiment à nourriture par l'astronaute Donald Slayton : une dinde farcie (véritable, pas en plastique), et trois petites bouteilles de brandy. Consciencieux jusqu'au bout des ongles, les trois hommes n'ouvrirent pas ces dernières...
Après avoir traversé l'atmosphère terrestre en subissant une décélération de 6 G, Apollo 8 et son équipage amerrirent le 27 décembre à 15 h 51 mn 42 secondes dans l'Océan Pacifique. La grande aventure lunaire commençait...
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