C'est une découverte d'importance qui a eu lieu sur le site de Palenque, célèbre cité maya dans l'État mexicain du Chiapas. Pour la première fois, un ornement nasal en os humain a été retrouvé sur le site dans une zone de dépôt rituel datant de la fin de la période classique (600-850 ap. J.-C.). Ce type d'ornement corporel était destiné aux personnes dirigeantes, mais également à celles qui avaient une place religieuse majeure dans la société à l'image des prêtres.


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    Pour la première fois, un ornement nasal maya en os humain a été découvert sur le site archéologique de Palenque où se déroulent toujours des fouilles à l'heure actuelle. Cet exceptionnel petit objet sculpté dont l'annonce a été faite par le gouvernement mexicain via l'Inah, Instituto Nacional de Antropología e Historiaa été retrouvé dans un dépôt rituel correspondant à la fin de la constructionconstruction d'un édifice à la fin de l'ère classique.

    Un objet trouvé au sein d'un dépôt

    C'est dans un trou de 26 centimètres de diamètre et 30 centimètres de profondeur qu'a été retrouvé l'objet. Il a fallu tamiser les divers éléments qui se trouvaient à l'intérieur de ce dépôt constitué de terre très sombre. De grandes quantités de charboncharbon de boisbois ont été retrouvées ainsi que des lames d'obsidienne. Cette roche volcaniqueroche volcanique vitreuse et noire se retrouve régulièrement dans la culture méoaméricaine tant pour l'armement que pour la création d'objets de luxe. Toujours au fond de ce dépôt ont été retrouvées des graines ou encore des arêtes de poissonpoisson, des restes de tortuetortue et enfin le petit ornement nasal d'environ 6 centimètres de long.

    Un ornement de grande qualité

    Ce type d'ornement ne faisait pas partie du quotidien des individus mayas avant l'arrivée des colons, il était réservé à des personnes de haut rang ou ayant une pratique rituelle marquée dans la culture en question. L'objet, d'une grande finesse, a été prélevé et sculpté à partir d'un tibiatibia humain, et plus particulièrement le bas du tibia, afin que la forme puisse épouser l'arête du neznez de son propriétaire. Sur la partie gauche du bijou se trouve un homme sculpté avec une coiffe à tête d'oiseauoiseau ainsi que des bijoux.

    Le personnage porteporte avec lui un paquetpaquet funéraire désigné par la présence d'un crânecrâne et de tissus au niveau de ses pieds, des éléments qui font penser aux archéologues que le lien avec le monde funéraire était important pour le porteur de ce bijou. Les Mayas ont montré à de nombreuses reprises leurs grandes qualités dans le travail de sculpture monumentale. Ici, ils montrent leur savoir-faire sur des matières fragiles et complexes à travailler.

     Vue d'ensemble du motif sculpté. © Carlos Varela Scherrer, Inha
    Vue d'ensemble du motif sculpté. © Carlos Varela Scherrer, Inha

    Le nez, une partie du corps importante

    Appelé yacatl, le nez représente une partie du corps hautement symbolique pour les élites et les religieux mayas. Son ornement pouvait se traduire par un bijou placé au niveau du septum percé, en particulier lors d'une intronisation royale où le nez du futur dirigeant était percé en son centre avec une serre d'oiseau ou un os de jaguarjaguar. Il n'est pas exclu que le nez soit rapproché des grades de ceux qui dirigent tant dans la guerre que dans les cultes puisque le vocabulaire náhualt permet de faire ces quelques rapprochements.

    D'une valeur inestimable, cette pièce témoigne du savoir-faire des Mayas : précision et combinaison des traits sculptés, sur seulement 6,4 centimètres de long sur 5,2 de large.© Carlos Varela Scherrer, Inha
    D'une valeur inestimable, cette pièce témoigne du savoir-faire des Mayas : précision et combinaison des traits sculptés, sur seulement 6,4 centimètres de long sur 5,2 de large.© Carlos Varela Scherrer, Inha

    Pour autant, l'ornement nasal peut aussi être approché de la volonté de personnifier un dieu dans un cadre rituel. En effet, l'Inah aborde cette question en évoquant l'idée qu'un tel objet pouvait être utilisé afin de représenter une divinité en lien avec le maïsmaïs, aliment de grande importance pour cette région du monde. Cette idée serait associée au fait de ressembler physiquement la divinité caractérisée par un crâne très allongé et un nez long. S'il est possible dès la naissance de modifier artificiellement la forme des crânes comme cela peut être vu en archéologie précolombienne, dans certains pays, le nez aurait pu être caractérisé par l'ornement en question. De plus, les Mayas étaient très portés sur l'ornement du corps de la tête, aux pieds, en passant par les dents.

     La cité maya, dans la zone archéologique de Palenque, dans l'État du Chiapas, au Mexique. © Carlos Varela Scherrer, Inah
     La cité maya, dans la zone archéologique de Palenque, dans l'État du Chiapas, au Mexique. © Carlos Varela Scherrer, Inah

    Mais cela reste une hypothèse, et cet objet exceptionnel vient à nouveau prouver le travail de grande qualité des Mayas et leur riche palette de motifs sur des objets de petite taille dédiés au soin du corps tant d'un point de vue esthétique peut-être, mais surtout fonctionnel dans le cadre d'une société aux rôles bien déterminés pour chaque individu selon son rang social. Pour l'heure, personne ne sait à qui appartient cet ornement et pourquoi il a été placé dans ce dépôt.