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Il est absurde de penser qu'un système univoque (semblable à celui du savoir botaniquebotanique scientifique) permette aux Saramaka de nommer et de reconnaître les plantes. Ce lexique est avant tout utilitaireutilitaire.
Découvrez le lexique botanique des Saramaka. Ici, des rhizomes de Curcuma longa (en tranches et en poudre). © Simon A. Eugster, CC by-sa 3.0
Le lexique des plantes des Saramaka permet de se rappeler des multiples usages des plantes et aide à leur reconnaissance :
- l'aspect anatomique est pris en considération dans la grande part des noms vernaculaires (33 %)) : arbrearbre (pao), herbacée et arbuste (wiiwii), liane (tataj), épineux (maka), grand (gaan) et petit (piki) entrent dans la composition des noms de plantes ;
- l'usage médicinal des plantes ou le caractère toxique génèrent des noms : Konsaka wi (herbacée utilisée pour la dermatose du même nom), sua wi (la feuille qui fait gonfler, plante toxique dont l'ingestioningestion des fruits fait gonfler la langue) ;
- on consacre des plantes à des entités surnaturelles : ampuku tataj (la liane de l'esprit ampuku qui sert aux rituels d'apaisement de cet esprit de la forêt) ;
- une observation de type écologique peut donner une appellation : le fruit mangé par tel poissonpoisson, ce qui permet d'ailleurs de l'utiliser pour la pêchepêche, l'arbre qui est l'abri habituel d'un animal : kwatakaman, la chambre du singe atèle (Ateles paniscus) ;
- des analogiesanalogies morphologiques avec des animaux : akami kini (les genoux de l'akami), arbuste dont les nœuds rappellent les articulationsarticulations noueuses de l'oiseauoiseau agami ;
- des rappels de la saveur ou de la couleur dominante de la plante en rapport avec leurs usages : bita pao (arbre amer) ; bè baka pindja pao (arbre tacheté au dosdos rouge ; allusion au latex rouge de cet arbre utilisé contre certaines dermatoses).
Curcuma longa est une espèce utilisée en Guyane dans les préparations préventives du paludisme (les « amers »). © IRD, Geneviève Bourdy, tous droits de reproduction interdits
Récolte des plantes et plantes rares
Une grande part des plantes utilisées (39 %) sont récoltées dans des zones faciles d'accès (décombres, abattis, forêt secondaire, cours d'eau) permettant une utilisation aisée qui ne nécessite que peu de moyens de conservation.
Akami kini. © DR
Les plantes plus rares comme certaines lianes ou arbres (récoltées en forêt primaire, soit 21 %) sont utilisées surtout à partir de leurs organes durables et aisément transportables (boisbois et écorce).