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Sur le terrain sportif, hormis les capacités physiquesphysiques, le « mental » fait souvent la différence. Gérer la pressionpression, se dépasser, aller au bout de ses objectifs... Luis Enrique, l'entraîneur du club espagnol du FC Barcelone, vient de faire appel à un psychologue pour optimiser le jeu de ses joueurs pour l'Euro 2016. Sophie Huguet, psychologue du sport depuis quinze ans auprès de footballeurs et golfeurs, nous explique comment amateurs ou compétiteurs peuvent renforcer leur mental.
La psychologie s'invite dans le sport de haut niveau. Peut-on parler d'une tendance ?
En tous cas, les pays anglo-saxons, principalement les États-Unis et l'Angleterre, sont en avance sur la France qui est plus conservatrice à ce niveau-là. Dans l'Hexagone, certains clubs comme le Losc ont des psychologues attitrés, mais c'est encore tabou. Aller voir un psy en tant que sportif demeure encore un aveu de faiblesse, alors qu'au contraire c'est souvent une volonté de progresser et de ne rien laisser au hasard. Par ailleurs, beaucoup de coachs s'autoproclament préparateurs mentaux sans aucune formation. Cela a contribué à un flou autour de ce travail.
Quelles sont les qualités psychologiques indispensables pour être un sportif aguerri ?
Il y a d'abord la motivation, c'est-à-dire la raison pour laquelle on pratique un sport et devenir champion. Sans cela, l'entraînement ne sert à rien. Ensuite, le sportif doit avoir une confiance en lui importante et aussi une estime de lui-même. Le but est de prendre conscience de sa valeur au-delà des résultats. Il faut aussi une détermination importante pour dépasser les difficultés et les défaites. Enfin, l'approche mentale est très importante, c'est-à-dire la capacité à avoir un discours interne positif et aussi à gérer ses émotions. C'est un ensemble qui permet au sportif de réussir, y compris l'équilibre de l'entourage qui fait souvent pression et parasiteparasite le sportif.
Sophie Huguet, psychologue du sport, s'occupe du mental des footballeurs. © Sophie Huguet
Tous les sports ont-ils les mêmes exigences ?
Chaque sport nécessite une approche mentale particulière. On n'aborde pas un match de tennis de la même manière qu'un match de foot, car la responsabilité n'est pas la même. Par exemple, en golf ou tennis, on travaillera plus sur la gestion des émotions entre les coups. En foot, cela dépendra aussi du poste. Les gardiens restent en dehors de l'action du jeu très longtemps, mais portent toute la responsabilité d'un but encaissé, d'où leur plus grande maturité. Un sport collectif comprend aussi la gestion des relations humaines, à savoir évoluer au sein d'un groupe. Pour les sportifs amateurs, le plus important est de se fixer des objectifs réalistes et garder la notion de plaisir. Tant que la relation à l'activité reste juste, il n'y a pas besoin de préparateur mental ou de psychologue.
Quels joueurs excellent, selon vous, sur les plans physiques et psychologiques ?
À 31 ans, Novak Djokovic est un super ambassadeur pour le tennis. Il pratique le yoga, fait attention à ce qu'il mange, cherche à se connaître sur le plan personnel. Il est très complet. Côté football, l'Argentin Lionel Messi, attaquant du FC Barcelone, est très bon. Il a réussi à tout gérer malgré son très jeune âge. Il est très fort mentalement.
Par quels exercices peut-on entraîner son mental ?
On peut déjà prendre conscience de ses pensées. Savoir transformer en positif ce qui est souvent négatif. Un sportif conscient aura une meilleure image de lui-même et deviendra automatiquement moins intolérant aux frustrations. Ensuite, diverses approches, comme la relaxation, la visualisation ou la sophrologie permettent de travailler sur le corps et de mieux gérer ses émotions. Un travail sur la respiration aide le sportif à gérer au mieux ses émotions négatives. Chaque approche est individuelle et doit permettre au sportif de mieux se cerner et aussi de mieux gérer la pression.
Sport, psychologie et performance - Du sportif au champion : la quête de soi, de Sophie Huguet, éditions Amphora, 20 euros.