Les personnes ayant pour habitude de se coucher tard ont un risque de mortalité plus important que les autres. Toutes causes confondues, celui-ci est de 9 % après ajustement. Selon une étude de cohorte finlandaise, ce sur-risque est cependant essentiellement attribuable à la consommation d’alcool et de tabac, et cet effet est dose-dépendant.
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Précédemment, des chercheurs avaient mené une étude au Royaume-Uni sur près de 500 000 personnes. Les données étaient issues de la United Kingdom Biobank. Un risque de décès plus important avait déjà été mis en évidence chez les couche-tard après un suivi de 6 ans et demi. Ce risque supplémentaire était de 2 % pour la mortalité toutes causes confondues et de 4 % pour la mortalité d'origine cardiovasculaire. Cependant, les données de consommation d’alcool ou de tabac n'avaient pas été prises en compte dans ces travaux. Cette surmortalité était-elle vraiment liée à une heure de coucher plus tardive ? Pour en savoir plus, des auteurs ont décidé de mener une nouvelle étude sur le sujet, en prenant en compte ces deux facteurs de risque évitables. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Chronobiology International et ont été publiés en mai 2023.
Comment l’étude a-t-elle été menée ?
Les travaux s'appuient sur une cohorte finlandaise de jumeaux, nommée Finnish Twin Cohort. Celle-ci comprend 23 854 participants. En 1981, chacun d'entre eux a répondu à un questionnaire. Puis, ils ont été suivis durant 37 ans. Durant cette période, 8 728 décès ont été enregistrés. Grâce aux réponses du questionnaire, les participants ont été classés en plusieurs groupes :
- 33 % étaient « plutôt du soir » ;
- 10 % était « vraiment du soir » ;
- 57 % était « du matin ».
Ceux qui avaient tendance à se coucher tard étaient plutôt plus jeunes et avaient une consommation de tabac et d'alcoolalcool plus importante. Ceux qui étaient vraiment du soir ne dormaient pas toujours 8 heures par nuit.
L’heure du coucher n’a pas vraiment d’impact sur la mortalité
Les auteurs ont pu conclure que l'heure du coucher, autrement dit le chronotypechronotype, n'avait finalement que peu ou pas d'impact sur la mortalité des personnes, en tout cas pas de manière indépendante. En effet, ceux qui se couchaient tard mais qui étaient non-fumeurs et qui buvaient raisonnablement n'avaient pas de sur-risque de mortalité en comparaison avec ceux qui se couchaient tôt, qui étaient non-fumeurs et buveurs raisonnables.
Une analyse détaillée des résultats a mis en évidence que le sur-risque de décès observé chez les couche-tard était vraiment associé non pas à l'heure du coucher mais à la consommation plus importante de tabac ou d'alcool (ou les deux). En effet, un sur-risque de mortalité a été observé chez les couche-tard fumeurs en comparaison avec les couche-tard non-fumeurs d'une part, et chez les couche-tard grands consommateurs d'alcool en comparaison avec les couche-tard, faibles consommateurs d'alcool. Dans les deux cas, l'effet observé était dose-dépendant. Plus la consommation était importante, plus l'effet sur la mortalité était important.