Peu de choses auraient pu nous préparer à l'année intense et – pour nombre d'entre nous – douloureuse qu'a été 2020. Rien, sauf peut-être les films. C'est du moins ce que suggère une nouvelle étude, qui se penche sur les bienfaits des films d'horreur sur notre psyché.


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    Les amoureux du cinéma vous le diront tous : les films sont une formidable manière de se préparer à vivre une situation. Tels des terrains de jeu imaginaires, ils nous permettent de nous confronter à des émotions et des événements à travers le regard du personnage principal et de son entourage, sans pour autant nous mettre en danger. C'est un peu comme une vaccination : une expérience atténuée et inoffensive qui nous donne l'opportunité de « pratiquer » une réalité avant de la vivre. Ainsi, des œuvres comme Contagion, Perfect Sense ou encore Outbreak nous ont, en quelque sorte, offert un aperçu, une « répétition » de ce que 2020 aurait à apporter. Mais d'autres films, plus insoupçonnés, ont également eu leur part à jouer.

    Des bienfaits des films d'horreur

    Une étude publiée dans la revue Personality and Individual Differences s'est en effet récemment penchée sur les bienfaits des films d'horreur sur la résiliencerésilience mentale face à 2020, et a permis de faire un constat étonnant. « Mes collègues ont voulu identifier les facteurs qui, au-delà de la personnalité, contribuent à la préparation psychologique et à la résilience des gens face à la pandémie », explique John Johnson, professeur émérite de psychologie à l'université d'État de Pennsylvanie. « Après avoir pris en compte l'influence de la personnalité, qui s'est avérée assez forte, nous avons découvert que plus les gens avaient vu de films de zombies, d'invasions extraterrestres et de pandémies apocalyptiques avant l'arrivée de la Covid-19, mieux ils géraient la pandémie actuelle. »

    L'enquête, menée auprès de 310 individus, a permis d'établir leur résilience, leurs traits de personnalité, mais également leurs préférences cinématographiques passées et présentes. « Nous avons constaté que les personnes qui regardaient certains types de films avant la pandémie semblaient être aidées par ceux-ci durant la pandémie », déclare Johnson. Par opposition, les personnes ayant commencé à visionner des films d'horreur après l'arrivée du virus ne semblaient pas se trouver mieux équipées mentalement.

    Néanmoins, le chercheur tempère : « Je ne suis pas sûr que regarder de tels films maintenant serait utile pour notre situation actuelle. Toutefois, d'après ma compréhension des pandémies et autres événements périlleux, des défis similaires sont absolument inévitables dans le futur. Le passé est souvent trop facilement oublié. Qui se souvenait de l'épidémieépidémie de grippe espagnolegrippe espagnole jusqu'à ce que les scientifiques évoquent cette page d'histoire lors de la Covid-19 ? Cela renforce ma conviction que consommer des histoires tirées de livres, de films et peut-être même de jeux vidéojeux vidéo n'est pas seulement un passe-temps oisif, mais une façon pour nous d'imaginer des réalités simulées qui nous aident à nous préparer aux défis futurs. »

    Coltan Scrivner et la psychologie de l'horreur

    John Johnson, aujourd'hui à la retraite, continue d'apporter son expertise dans le domaine de la psychologie de la personnalité à de jeunes chercheurs. L'étude en question ici a pour sa part été conçue par Coltan Scrivner, un étudiant diplômé en développement humain et en biologie qui s'intéresse surtout à la psychologie de l'horreur. Celui-ci s'est tourné vers Mathias Clausen et Jens Kjeldgaard-Christiansen, deux experts danois sur le sujet et anciens collaborateurs de Johnson, qui l'ont donc invité à se joindre au projet, pour le plus grand plaisir de ce dernier.

    Coltan Scrivner se spécialise dans la psychologie de l'horreur. © Aarhus University, Coltan Scrivner
    Coltan Scrivner se spécialise dans la psychologie de l'horreur. © Aarhus University, Coltan Scrivner