Un prion semblable à celui de la maladie de la vache folle a été détecté chez le dromadaire. Une nouvelle potentiellement dramatique pour les populations qui consomment le lait et la viande de cet animal en Afrique.


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    Une nouvelle forme de prion vient d'être découverte chez le dromadaire, rapportent des chercheurs algériens et italiens dans la revue Emerging Infectious Diseases. Les premiers cas ont été rapportés par l'abattoir de Ouargla, le plus grand d'Algérie, qui avait noté des comportements erratiques chez certains animaux (tremblements, agressivité, hyperactivité, mouvementsmouvements désordonnés, chutes, etc). Le diagnostic a été confirmé après le prélèvement de trois cerveaux d'animaux malades, qui présentaient tous les signes d'une infection au prion. 3,1 % des dromadairesdromadaires de l'abattoir seraient concernés, estime l'étude.

    Les maladies à prion, caractérisées par une dégénérescence du système nerveux central, sont aussi appelées encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (ESST). Elles sont dues à l'accumulation dans le cerveau d'une protéine qui, changeant de conformationconformation, devient pathogènepathogène. La forme la plus connue est l'encéphalopathie spongiforme bovineencéphalopathie spongiforme bovine (ESB), appelée communément « maladie de la vache folle ». Cette épidémieépidémie avait ravagé les troupeaux de vachesvaches dans les années 1980 et 2000, causant la mort directe de 190.000 animaux en Europe et menant à un abattage systématique de troupeaux entiers pour limiter la propagation. L'ESB est potentiellement transmissible à l’Homme sous forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakobmaladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) via la consommation de certains abats (interdits depuis 2001).

    Une nouvelle forme de prion atteint le dromadaire. Peut-être une preuve supplémentaire de la capacité de la maladie à passer d’une espèce à l’autre. © Club Med UK, Flickr
    Une nouvelle forme de prion atteint le dromadaire. Peut-être une preuve supplémentaire de la capacité de la maladie à passer d’une espèce à l’autre. © Club Med UK, Flickr

    Le dromadaire, source de subsistance pour des millions d’Africains

    Le prion trouvé chez le dromadaire présente une configuration différente de celui de l'ESB, mais les chercheurs n'excluent pas que les animaux aient été contaminés en mangeant des carcasses infectées provenant de vaches européennes. « L'origine de ce prion est inconnue », reconnaissent les auteurs. « Cela peut être une forme spécifique au dromadaire ou bien une forme dérivée d'une autre espèceespèce Les dromadaires auraient ainsi pu être infectés en se nourrissant dans les décharges situées près des champs de pétrolepétrole, avancent-ils.

    Cette nouvelle est particulièrement inquiétante selon les auteurs de l'étude. En Afrique, le dromadaire est une source de subsistance essentielle pour des millions de personnes, qui consomment sa viande ou son lait et s'en servent comme moyen de transport et de déplacement. Ce qui pourrait favoriser une propagation rapide d'une épidémie.

    D'autre part, s'il était avéré que les dromadaires ont été infectés en mangeant de la viande contaminée, cela prouverait la capacité du prion à passer d'une espèce à l'autre, ce qui serait dramatique pour les petits éleveurs. Enfin, les systèmes de contrôle en Afrique du Nord ne sont pas aussi exigeants qu'en Europe. « Il existe un vrai risque pour la santé humaine et animale », insistent les auteurs, qui prônent un renforcement urgent de la surveillance.