Alors qu’il n’existe pas de vaccin efficace contre le terrible virus de la grippe H5N1, des auteurs proposent un nouveau modèle de vaccin atténué révolutionnaire. Leur trouvaille a immunisé des souris et des furets contre cette maladie mortelle sans présenter de danger pour leur santé.

au sommaire


    Le monde craint le virus de la grippe H5N1 plus que la peste. Depuis 2003, il a tué 371 des 622 personnes qu'il a infectées, soit un taux de mortalité de 59,6 %. Heureusement pour nous, ce virus de la grippe aviaire n'est pas (encore) transmissible d’Homme à Homme. Si cela se produit et que l'on ne dispose pas de solutions supplémentaires, une pandémie mondiale pourrait se déclarer, causant des millions de morts sur toute la planète.

    Alors les chercheurs travaillent à l'élaboration de vaccins. Pour l'heure, aucun d'eux n'a su se montrer suffisamment efficace. Sauf... un nouveau produit testé avec succès sur deux modèles animaux de la grippe : la souris et le furet.

    Virus atténué génétiquement modifié

    Ce traitement, mis au point par des scientifiques de l'université du Maryland, diffère de ses concurrents sur plusieurs points. Au lieu d'utiliser un virus tué (cassé par des produits chimiques ou chauffé), ils se sont servis d'un virus atténué. Si ce dernier induit une réponse immunitaireréponse immunitaire plus forte et protège donc davantage, il se trouve être plus dangereux que le virus tué.

    En effet, encore actif, il peut partager des régions de son génome avec des souches grippales naturelles, et transférer des gènes qui rendent des variétés pathogènes, alors qu'elles étaient seulement infectieuses, mais peu agressives. Ce serait alors prendre le risque de courir à la catastrophe. Les auteurs de ce travail publié dans le Journal of Virology pensent avoir trouvé la solution pour contourner ces problèmes.

    À la surface du virus de la grippe (schématisé à l'image), on trouve des protéines, dont l'hémagglutinine, essentielle à la fixation sur les cellules. Celle-ci existe sous 16 formes, que l'on nomme H1 à H16. © Anna Tanczos, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    À la surface du virus de la grippe (schématisé à l'image), on trouve des protéines, dont l'hémagglutinine, essentielle à la fixation sur les cellules. Celle-ci existe sous 16 formes, que l'on nomme H1 à H16. © Anna Tanczos, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les virus de la grippe ont un matériel génétiquematériel génétique découpé en huit fragments, qu'ils peuvent s'échanger au moment des réarrangements. Chacun de ces fragments est unique, et un virus doit nécessairement posséder un exemplaire de chaque pour devenir infectieux : s'il en a plus ou moins, il perd son activité. C'est en se servant de ces propriétés que les scientifiques ont façonné un virus atténuéatténué ne présentant pas de risque. À l'origine, c'est un virus contre la grippe aviaire H9, sur lequel on a ajouté un gène de H5 pour conférer l'immunité contre le H5N1.

    Un vaccin contre la grippe sûr et efficace

    Normalement, le segment 8 se compose de deux gènes indispensables, Ns1 et Ns2. Ici, ce dernier a été retiré de son emplacement initial et placé sur le segment 2, juste à côté du gène codant pour la polymérase, une enzymeenzyme nécessaire à la réplicationréplication virale. De par sa nouvelle position, Ns2 diminue la transcriptiontranscription du gène et, de ce fait, ralentit tout le processus de multiplication du virus.

    En lieu et place de Ns2, les chercheurs ont justement mis un gène propre aux virus de type H5. Tout ce processus permet de faire en sorte que seuls des virus atténués au pouvoir vaccinant peuvent se répliquer. En effet, comme précisé plus haut, Ns1 et Ns2 sont tous deux indispensables. Le fait de les séparer limite fortement les risques de réarrangement avec d'autres virus, car ceux-ci devront inéluctablement intégrer les fragments 2 et 8 modifiés pour garder leur pouvoir infectieux. Ainsi, on immunise contre des souches H9 et H5, potentiellement pandémiques, sans risquer de causer de dommages.

    Reste à poursuivre les tests pour vérifier l'intérêt de ce vaccinvaccin sur des populations humaines. En théorie, cela pourrait marcher. Mais à grande échelle, qu'en sera-t-il ? On ne le saura pas avant plusieurs années...