Chez certains patients, la chimiothérapie peut se révéler presque aussi terrible que le cancer qu’elle est censée soigner. Des chercheurs de l’UCLA's Crump Institute for Molecular Imaging explorent le moyen de mieux cibler ce traitement selon les individus. La clé repose sur l’antimatière.

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    En haut, une image prise avec un PET scan d'une souris traitée à la gemcitabine et en bas la même souris avec la molécule ressemblant à la gemcitabine mais inactive. On voit à gauche l'effet sur une tumeur réceptive à la gemcitabine et à droite sur la seconde tumeur qui n'y est pas sensible. Clairement, le dépistage du manque d'effet du traitement s'y révèle dans ce dernier cas par le manque de concentration de produit dans la tumeur en bas à droite, qui n'émet que fort peu de positrons. Crédit : University of California - Los Angeles

    En haut, une image prise avec un PET scan d'une souris traitée à la gemcitabine et en bas la même souris avec la molécule ressemblant à la gemcitabine mais inactive. On voit à gauche l'effet sur une tumeur réceptive à la gemcitabine et à droite sur la seconde tumeur qui n'y est pas sensible. Clairement, le dépistage du manque d'effet du traitement s'y révèle dans ce dernier cas par le manque de concentration de produit dans la tumeur en bas à droite, qui n'émet que fort peu de positrons. Crédit : University of California - Los Angeles

    La chimiothérapie fait partie de l'arsenal des traitements dont dispose la médecine pour lutter contre le cancer. Malheureusement, en raison même de leur pouvoir actif, les substances mises en jeu ne sont pas sans effet néfaste sur l'organisme et chez certaines personnes, le remède peut se révéler pire que les effets de la tumeur. C'est particulièrement le cas lorsque les cellules cancéreuses mutent et que le traitement devient inadapté. Avant de s'en rendre compte, il peut s'écouler un temps précieux, des mois gaspillés en pure perte et une accumulation inutile d'effets secondaires indésirables.

    Pour essayer de surmonter cet obstacle, le docteur Caius Radu a entrepris de marquer avec des isotopesisotopes radioactifs une moléculemolécule ressemblant à celle fréquemment utilisée en chimiothérapie, la gemcitabine. En se désintégrant, le noyau radioactif de l'isotope émet un positronpositron, la fameuse particule d'antimatièreantimatière correspondant à l'électronélectron.

    Traçage de l'action de la molécule active

    Or, selon le type de cellule cancéreuse et la capacité de répondre à un traitement, les molécules de la chimiothérapie pénètrent ou non dans la tumeur. Lorsqu'elles n'y pénètrent pas le traitement est évidemment inopérant. Voilà pourquoi l'idée de marquer une substance activesubstance active avec un isotope produisant des positrons devient intéressante. En effet, un PET scanPET scan donnera une image de la répartition de la substance active dans un organisme. On pourra de cette manière vérifier si le traitement pénètre dans les cellules cancéreuses et si la tumeur continue à se développer. On obtiendra ainsi un diagnostic rapide de l'effet du traitement.

    Les chercheurs ont réalisé des tests sur des souris ayant développé des leucémies et des lymphomeslymphomes et ils ont obtenus des résultats plutôt satisfaisants, exposés dans les Pnas (Proceedings of the National Academy of Sciences). Plus la concentration en substance ressemblant à la gemcitabine, mais inactive donc sans effets secondaires nocifs, est importante, plus les cellules tumorales apparaissent brillantes sous l'œilœil de la caméra à positrons. La méthode est avantageuse car elle est complètement non invasive.

    Toutefois, elle n'a jusqu'ici fait ses preuves que chez l'animal. Reste donc à voir ce qu'elle donnera sur l'homme... Des tests sur des volontaires sont en cours et si l'innocuité de la méthode se vérifie, il faudra encore vérifier son efficacité chez des malades.