En inversant les charges des composants des membranes plasmiques, des chercheurs ont mis au point une colle cellulaire universelle réversible, qui pourrait servir de pansement et même délivrer des médicaments dans certains tissus pour lesquels elle a une affinité particulière. Explications.
Dans les cellules eucaryotes, les membranes plasmiques sont très majoritairement constituées de molécules appelées phospholipides. Elles permettent à la cellule de délimiter le cytoplasme du compartiment extracellulaire, et donc de conserver son uniformité. Parmi ces phospholipides, l'un des plus courants est la phosphatidylcholine (PC).
Des chercheurs de l'université de Colombie britannique (Vancouver, Canada) ont eu l'idée de placer sur un long polymère des molécules de choline phosphate (CP), dotées d'une polarisation inverse à celle de la PC. Leurs résultats, publiés dans Nature Materials, montrent que ces CP peuvent se lier par des forces électrostatiques aux PC d'une grande variété de membranes cellulaires, y compris à celles d'organites cellulaires. La force de la liaison dépend de la densité de groupements CP.
Donald Brooks, l'auteur qui a supervisé l'étude, prétend que l'on pourrait utiliser cette technologie comme pansement. Il affirme qu'un film recouvert de molécules avec des motifs CP pourrait arrêter une hémorragie en agglomérant les cellules sanguines en contact avec le pansement.
Une colle cellulaire parfaitement réversible
Autre application possible en médecine selon les chercheurs : délivrer des médicaments dans des organes spécifiques. Ils ont remarqué à l'aide d'un marquage fluorescent que les cellules dotées d'une membrane riche en PC, comme on en retrouve dans certains tissus, internalisent rapidement les polymères bien fournis en CP. Ainsi, un principe actif pourrait être distribué directement au niveau cellulaire, évitant ainsi les dommages de certaines thérapies non ciblées qui n'épargnent pas des cellules saines.
Cette colle n'a en plus rien d'irréversible, puisqu'en ajoutant au polymère des PC, l'interaction électrostatique diminue jusqu'à ce que les deux composés se séparent.
Cette étude reste encore très théorique et toutes ses éventuelles applications n'ont pas encore été testées. Cependant, elle ouvre des perspectives nouvelles dans un domaine encore assez confidentiel.
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