Il est impossible de dire que la pollution de l’air cause l’autisme, mais des chercheurs américains voient un lien entre les deux. Selon leur étude, les fœtus et les nouveau-nés soumis aux taux de particules les plus élevés ont deux à trois fois plus de risques de déclarer ce trouble du développement.

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    • Un dossier pour mieux comprendre l'autisme 

    Y a-t-il un lien entre l'autisme et la pollution automobileautomobile subie durant la vie utérine et la première année d'un enfant ? Des chercheurs de l'University of Southern California (Los Angeles) répondent par l'affirmative dans le journal Archives of General Psychiatry. Mais leur argumentation ne convainc pas tous les spécialistes.

    Cette étude a demandé la collaboration de plus de 500 enfants âgés entre 2 et 5 ans. Parmi eux, 279 ont été diagnostiqués autistes quand les 245 autres servaient de contrôle. En récoltant les données de la qualité de l’air mesurées par l'Environmental Protection Agency américaine en différents points, les scientifiques ont estimé les concentrations moyennes de microparticules auxquelles ont été exposés les enfants dans l'utérus et durant la première année de leur vie.

    D'après leurs données, les fœtus s'étant développés dans les environnements les plus pollués (à partir de 32 ppmppm) ont deux fois plus de risques de devenir autiste que ceux ayant évolué dans des milieux moins impurs (10 ppm), quand ce facteur s'élève à trois pour les nouveau-nés dans leur première année.

    L'autisme se diagnostique de plus en plus souvent ces dernières années. Aux États-Unis, ce trouble, qui se caractérise par un déficit profond de la communication, de la socialisation et par des comportements stéréotypés, a vu son incidence augmenter de 25 % entre 2006 et 2011. Un enfant qui naît sur 88 serait atteint. La faute à la pollution ou la conséquence d'un diagnostic plus efficace ? © Webking, <a href="http://bit.ly/Kh6tfi" target="_blank">StockFreeImages.com</a>

    L'autisme se diagnostique de plus en plus souvent ces dernières années. Aux États-Unis, ce trouble, qui se caractérise par un déficit profond de la communication, de la socialisation et par des comportements stéréotypés, a vu son incidence augmenter de 25 % entre 2006 et 2011. Un enfant qui naît sur 88 serait atteint. La faute à la pollution ou la conséquence d'un diagnostic plus efficace ? © Webking, StockFreeImages.com

    La pollution automobile, pas seule responsable de l’autisme

    Cette même équipe avait déjà établi par le passé des résultats qui allaient en ce sens. Une de leurs recherches établissait un lien entre la distance de vie d'une autoroute et la probabilité pour un enfant de présenter ce trouble du développement. Cette nouvelle étude semble conforter ces données, les niveaux de pollution étant diminués de 50 à 67 % dans des habitations situées à 500 m ou plus d'une autoroute.

    Cependant, la communauté scientifique fait part de ses réserves. Certains chercheurs signalent des biais expérimentaux dans ce travail. En effet, ne sont pas pris en compte l'alimentation des enfants, les polluants domestiques, le genre, l'origine ethnique, le tabagisme passif ou encore le patrimoine génétique, qui sont autant de facteurs de risques de devenir autiste.

    De ce fait, Andrew Adesman, pédiatrepédiatre au Steven & Alexandra Cohen Children's Medical Center de New York, précise dans My Health News Daily qu'il peut être tentant de vouloir trouver une cause unique à cette pathologiepathologie, alors qu'il faut pourtant admettre qu'elles sont multiples.

    Réduire les émissions automobiles, une question de santé publique

    Du côté de l'University College de Londres, Uta Frith fait part de sa perplexité à la BBC. Pour elle, aucun élément de ce travail ne permet d'expliquer un quelconque mécanisme par lequel les particules affecteraient le développement du cerveau. Néanmoins, les auteurs précisent que les particules d'hydrocarbures polycycliques aromatiqueshydrocarbures polycycliques aromatiques émises par les moteurs Dieselmoteurs Diesel sont connues pour interagir avec des gènesgènes du cerveaucerveau et perturber ainsi sa croissance.

    Même s'il faut donc faire preuve de prudence quant à l'analyse des résultats, tous les scientifiques s'accordent sur un point : il est important de faire baisser la pollution automobile. Associée à des pathologies respiratoires, elle pourrait aussi contribuer à d'autres troubles, et son lien avec l'autisme est plausible. Cela relève donc de la santé publique.