Une étude estime que chaque année, la pollution atmosphérique est responsable de la mort de 16.500 personnes rien qu’en France. En cause principalement : les particules fines et l’ozone qui dépassent les taux fixés par l’OMS et qui induisent des troubles respiratoires parfois très graves.

au sommaire


    Plus de 3.000 décès prématurés et 1.000 hospitalisations pourraient être évités chaque année dans seulement neuf grandes villes françaises, si elles respectaient les valeurs recommandées par l'OMS en matièrematière de pollution. C'est ce qui ressort des résultats du volet français de l'étude européenne Aphekom, dont les premières données ont été dévoilées en mars dernier. Et l'économie réalisée s'élèverait à six milliards d'euros par an...

    Lancée en 2008, Aphekom est l'une des plus vastes études centrées sur l'impact sanitaire de la pollution urbaine. Elle a été réalisée dans 12 pays d'Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Royaume-Uni, Slovénie, Suède). Au total, neuf villes françaises (Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse) y ont été intégrées. Elles représentent 12 millions d'habitants, dont 6,5 millions pour la seule zone de Paris.

    L’ozone et les particules fines, des substances parfois mortelles

    Quelques mois après les conclusions générales d'Aphekom, l'Institut de veille sanitaireInstitut de veille sanitaire (INVS) publie un rapport spécifique à ces neuf villes françaises. Il ressort que toutes présentent des valeurs de particules finesparticules fines et d'ozoneozone supérieures à celles recommandées par l'OMS. « Ainsi, pendant la période 2004-2006, le niveau moyen de particules fines (PM2,5) variait de 14 à 20 µg/m3 selon la ville (valeur guide de l'OMS : 10 µg/m3). Et la valeur guide journalière de l'ozone (maximum sur 8 heures : 100 µg/m3) avait été dépassée de 81 à 307 fois pendant ces trois années », souligne l'INVS.

    Certaines grandes villes, comme ici New York, sont parfois cachées sous un brouillard de pollution qu'on appelle <em>smog</em>. Dur de reconnaître Brooklyn depuis les tours du <em>World Trade Center</em> sur cette photo de 1988. © Edwin P. Erwing, CDC, DP

    Certaines grandes villes, comme ici New York, sont parfois cachées sous un brouillard de pollution qu'on appelle smog. Dur de reconnaître Brooklyn depuis les tours du World Trade Center sur cette photo de 1988. © Edwin P. Erwing, CDC, DP

    Les auteurs ajoutent que les résultats « montrent la persistance d'un impact substantiel de la pollution de l’air sur la santé », dans ces neuf villes. Dans les faits : 

    • l'espérance de vie à 30 ans pourrait augmenter de 3,6 à 7,5 mois selon la ville, ce qui équivaut à différer près de 3.000 décès par an, si les concentrations moyennes annuellesannuelles de PM2,5 respectaient la valeur guide de l'OMS. Quant au bénéfice économique associé et estimé, il apparaît considérable : 5 milliards d'euros par an ; 
    • près de 360 hospitalisations cardiaques et plus de 630 hospitalisations respiratoires par an pourraient également être évitées si les concentrations moyennes annuelles de PM10 étaient inférieures à la valeur guide (20 µg/m3). Le bénéfice économique associé est estimé à près de 4 millions d'euros par an ; 
    • une soixantaine de décès et une soixantaine d'hospitalisations respiratoires pourraient être évités si la valeur guide de l'OMS pour le maximum journalier d'ozone (100 µg/m3) était respectée. L'INVS y associe une économie de 6 millions d'euros par an.

    Extrapolés à l'échelle nationale et aux 66 millions d'habitants en France, ces chiffres montrent notamment que plus de 16.500 décès prématurés liés aux pollutions urbaines pourraient être évités chaque année dans notre pays. Pour les auteurs de ce rapport, ces résultats, « confirment que les efforts dans la mise en œuvre de politiques publiques d'amélioration de la qualité de l'airair doivent être poursuivis », concluent-ils.