Qui aurait pu croire que le cafard, résolument associé à l’insalubrité, verrait sa cote de popularité monter en flèche ? C’est aujourd’hui le cas : les molécules qu’il sécrète pourraient un jour remplacer nos vieux antibiotiques devenus inefficaces.
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Les recherches de nouveaux antibiotiquesantibiotiques vont bon train actuellement et d'autant plus depuis le récent choc planétaire suggérant que des bactéries super résistantes NDM-1 étaient en voie de conquérir le monde. Si cela n'a pas encore eu lieu, les chercheurs essaient tant bien que mal de s'y préparer pour éviter une épidémieépidémie bactérienne mondiale. Si certains ont trouvé des antibiotiques dans le miel, un produit utilisé depuis des siècles comme antiseptiqueantiseptique naturel, il faut parfois faire preuve d'encore plus d'imagination pour les débusquer...

C'est ainsi que les chercheurs de l'université de Nottingham en Angleterre ont fait une étrange et intéressante découverte. Les blattes, ou cafards, ces petites bêtes plutôt répugnantes et souvent associées à une hygiène déplorable et à des endroits insalubres, pourraient offrir à l'humanité un joli cadeau : une petite dizaine de moléculesmolécules qui auraient les propriétés recherchées.

Le système nerveux de ces insectes a été utilisé dans des expériences de cultures bactériennes. Les résultats, présentés au congrès d'automneautomne de la Society for General Microbiology qui se tient actuellement à Nottingham et jusqu'à demain 9 septembre, indiquent que les neuf molécules seraient capables de tuer des bactériesbactéries, mêmes résistantes à d'autres antibiotiques.

Les staphylocoques dorés, responsables de graves infections, sont éliminés à 90% par les cerveaux des cafards. Crédits DR

Les staphylocoques dorés, responsables de graves infections, sont éliminés à 90% par les cerveaux des cafards. Crédits DR

90% des bactéries tuées

Les souches testées incluent le staphylocoque doré et Escherichia coli. Le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) est responsable d'infections nosocomiales pouvant mener à des septicémiessepticémies. Il existe notamment des souches de staphylocoques résistantes à la méticilline (SARMSARM), qui rendent les traitements proposés inefficaces. Les entérobactériesentérobactéries Escherichia coli sont, quant à elles, des bactéries naturellement présentes dans notre système digestif mais parfois responsables d'intoxications alimentaires.

Les chercheurs ont pu montrer que ces molécules extraites des blattes sont capables d'éliminer 90% des deux espècesespèces de bactéries testées. Ces premiers résultats sont encourageants, d'autant que des expériences supplémentaires ont montré que les cellules humaines ne sont pas affectées par les antibiotiques de cafard. Les recherches sont en cours pour déterminer l'effet des molécules sur d'autres espèces bactériennes comme Acinetobacter, Pseudomonas et Burkholderia. De plus, le mode d'action de chaque molécule sera probablement analysé plus en détails.

D'après Simon Lee, l'un des chercheurs impliqués dans ces travaux, les propriétés antibiotiques des cafards ne sont pas surprenantes. En effet, ils vivent dans des conditions de saleté telles que les bactéries prolifèrent autour d'eux. Il est donc logique qu'ils aient développé des mécanismes pour s'en protéger. Tant mieux pour nous !