Le sentiment d’amour passionné serait réellement capable de diminuer la souffrance éprouvée, grâce à l’activation d’une zone particulière du cerveau. En résumé, pour réduire la douleur, il n’y a qu’à tomber amoureux !


au sommaire


    L'amour est un très bon antidouleur, mais ne se prend malheureusement pas en cachets ! © Capt Kodak, Flickr, CC by-nc 2.0

    L'amour est un très bon antidouleur, mais ne se prend malheureusement pas en cachets ! © Capt Kodak, Flickr, CC by-nc 2.0

    L'amour donnerait effectivement des ailes, selon une étude parue dans la revue Plos One. Pas suffisamment pour s'envoler soi-même, mais bien assez pour faire s'envoler la douleur ! La vue de l'être aimé pourrait en effet réduire la souffrance éprouvée, aussi bien que des moléculesmolécules antidouleurs classiques, selon les chercheurs du Stanford University School of Medicine. Car l'amour, tout comme la peur ou le courage, est loin d'être un sentiment privé de toute empreinte biologique.

    Alors que le coup de foudre est une réaction très rapide impliquant au moins douze régions du cerveau, la suite de l'histoire, un nouveau et fort sentiment amoureux, peut aussi donner lieu à des réactions physiologiques importantes : euphorie, perte de l'appétit, accélération du rythme cardiaque, débordement d'énergieénergie... Ces réactions sont dues à la sécrétion d'hormones particulières, dont la dopamine, qui agit sur une zone du cerveau aujourd'hui bien connue : le système de récompense. Comme la droguedrogue ou les troubles obsessionnels compulsifstroubles obsessionnels compulsifs, l'amour peut alors faire place à un sentiment de manque lorsque l'objet du désir est absent.

    L’amour, un processus physiologique

    « Quand on pense à l'être aimé, il y a une intense activation dans la zone de récompense du cerveau, la même zone qui s'allume quand on prend de la cocaïne, la même que lorsque l'on gagne beaucoup d'argent », explique Arthur Aron, un professeur de psychologie. D'un autre côté, les spécialistes de la douleur, dont Sean Mackey fait partie, savent que le noyau accumbensnoyau accumbens et l'aire tegmentale ventrale, deux régions cérébrales impliquées dans le système de récompense, sont connues pour avoir également un rôle dans le processus de la douleur.

    La douleur est un signal qui se propage par le système nerveux périphérique vers le cerveau. © DR
    La douleur est un signal qui se propage par le système nerveux périphérique vers le cerveau. © DR

    Amour et douleur : tout est dans le cerveau

    Et lorsqu'un spécialiste de l'amour rencontre un spécialiste de la douleur à un congrès de neurosciences, des idées de recherches naissent d'elles-mêmes ! C'est donc ainsi qu'Arthur Aron et Sean Mackey ont collaboré pour tester leur hypothèse selon laquelle l'amour pourrait naturellement réduire la sensation de douleur. Cette idée avait déjà été testée et validée d'un point de vue comportemental, dans la mesure où la vision d'une photo d'un être aimé réduisait davantage la douleur que la vision d'une personne inconnue, avec un effet antidouleur aussi fort que de tenir la main de son partenaire. Il manquait toutefois la compréhension du mécanisme d'un point de vue cérébral.

    Pour palier ce manque et prouver leur conviction, les chercheurs ont recruté huit femmes et sept hommes, chacun impliqué dans une toute fraîche relation passionnée (datant de moins de neuf mois). Tout en subissant au niveau de leur main des afflux thermiques, moyennement ou très douloureux, les volontaires se sont vu proposer plusieurs types d'antidouleurs, pour le moins particuliers : la projection de photographiesphotographies de leur amoureux ou d'un ami, ou la pose de questions dans le but de les distraire de la douleur. Pour couronner le tout, leur cerveau était analysé en temps réel grâce à l'outil phare de ce genre d'étude : une machine à imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMfIRMf) qui détecte les afflux sanguins, représentatifs de l'activité cérébrale.

    Un réseau cérébral particulier

    Comme attendu, les participants déclarent éprouver moins de douleur à la vue de leur amoureux, ou pendant leurs réponses aux questions, que devant la photo d'une simple connaissance. En revanche, la bonne surprise venait du fait que l'effet analgésiqueanalgésique n'impliquait pas les mêmes régions cérébrales dans les deux cas ! Alors que la distraction par les questions fait intervenir le cerveau cortical, ayant un rôle cognitif, réfléchi, l'amour active des régions de la zone cérébrale du système de récompense (la tête du noyau caudé, le noyau accumbens, le cortexcortex orbitofrontal latéral, l'amygdale et le cortex préfrontalcortex préfrontal dorsolatéral).

    « Cela implique des aspects plus primitifs du cerveau, activant des structures profondes qui pourraient bloquer la douleur au niveau spinal, similaires à l'action des analgésique opioïdesopioïdes, soulignent les auteurs. Ces résultats suggèrent que l'activation des systèmes neuraux de récompense, par un moyen non pharmacologique, peut réduire la sensation de douleur. » L'amour pourrait donc être aussi efficace qu'un comprimé d'antidouleur, sans les potentiels effets secondaires !