Les pratiques de guérisseurs traditionnels du Nigeria ont inspiré des scientifiques pour mettre au point quatre nouvelles molécules qui pourraient un jour participer au traitement de désordres psychiatriques.

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    Les nouveaux composés fabriqués par les chercheurs pourraient traiter les troubles cognitifs liés à la schizophrénie. © JustCallMe_♥Bethy♥_, flickr, cc by nc 2.0

    Les nouveaux composés fabriqués par les chercheurs pourraient traiter les troubles cognitifs liés à la schizophrénie. © JustCallMe_♥Bethy♥_, flickr, cc by nc 2.0

    Au Nigeria, les guérisseurs traditionnels font bouillir certaines plantes pour produire un extrait qu'ils administrent aux personnes souffrant de symptômes de maladie mentale. Mais cet extrait n'est pas purifié et contient différents composés qui ne sont pas forcément bénéfiques aux malades. L'idée des scientifiques de l'université Northwestern est simple : partir des moléculesmolécules issues de millions d'années d'évolution végétale pour créer des médicaments innovants. Or les plantes peuvent contenir des alcaloïdes, c'est-à-dire des molécules d'origine végétale pouvant avoir des propriétés toxiques ou thérapeutiques ; la caféine, la nicotine, sont des alcaloïdes.

    Dans un article paru dans Angewandte Chemie International Edition, les chercheurs détaillent la façon dont ils ont créé de nouveaux composés prometteurs pour la médecine psychiatrique. Pour cela, ils se sont appuyé sur la synthèse de deux alcaloïdes présents dans différentes plantes utilisées par les guérisseurs pour traiter des personnes souffrant de schizophrénie ou de troubles bipolairestroubles bipolaires : l'alstonine et la serpentineserpentine.

    La serpentine et l'alstonine sont des alcaloïdes indoloquinolizidine pentacycliques ; l'alstonine est le principal composant d'un remède à base de plantes servant à traiter la psychosepsychose et d'autres problèmes du système nerveux.

    Les médicaments actuels contre la schizophrénie traitent en particulier les hallucinations et les délires. © Mark Soller, flickr, cc by nc nd 2.0

    Les médicaments actuels contre la schizophrénie traitent en particulier les hallucinations et les délires. © Mark Soller, flickr, cc by nc nd 2.0

    Les molécules à l’étude dans des modèles animaux pour la schizophrénie

    Ce travail collaboratif a permis de créer les composés au Center for Molecular Innovation and Drug DiscoveryDiscovery (CMIDD) en utilisant des systèmes de purification et des équipements de haut niveau. Les produits fabriqués sont de la famille hétéro-yohimbine. Comme l'explique Karl Scheidt, principal auteur de l'article, « nous avons appris comment faire ces produits naturels au laboratoire et pouvons maintenant évaluer quelles sont les parties les plus efficaces de ces produits naturels pour de possibles thérapiesthérapies ».

    Herbert Meltzer, un des autres auteurs de l'article, utilise déjà ces composés dans des études sur l'animal au laboratoire. Il cherche à comprendre leurs effets sur la biologie du cerveau dans un modèle de maladie schizophrène. D'après les chercheurs, les premières expériences utilisant ces composés chez des modèles animaux ont donné des résultats prometteurs pour améliorer les problèmes cognitifs. En effet, les traitements actuels de la schizophrénie ciblent surtout les hallucinationshallucinations et les déliresdélires, mais peu les problèmes cognitifs.