Le gène humain BTN3A3 était déjà connu des scientifiques, mais pas pour ses capacités antivirales. Cette découverte signifie que des solutions ciblées pourraient être apportées aux virus de la grippe aviaire afin d'empêcher leur propagation à l'humain.


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    On observe dernièrement une augmentation des cas de grippe aviaire dans le monde, tant chez les oiseaux domestiques que chez les oiseaux sauvages, et même parfois chez l'Homme. Depuis 2003, 873 cas d'infection humaine par le virus H5N1 ont été signalés à l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé. Pourquoi la grippe aviaire se transmet-elle dans de rares cas à l'humain ? C'est l'objet de la dernière étude internationale sur le potentiel pandémique de la grippe aviaire, dirigée par des scientifiques de Glasgow et publiée dans Nature.

    « Nous savons que la plupart des virus émergentsémergents susceptibles de provoquer une pandémie chez l'humain proviennent d'animaux. Il est donc essentiel de comprendre quelles barrières génétiques pourraient empêcher un virus animal de se répliquer dans les cellules humaines, et donc d'empêcher l'infection », a expliqué le professeur Massimo Palmarini, directeur du Centre for Virus Research à Glasgow. L'étude de six ans a permis d'identifier le gène humain BTN3A3 comme un défenseur de la grippe aviaire. Ce gène se trouve dans les poumonspoumons et les voies respiratoires supérieures des humains, où les virus de la grippevirus de la grippe se répliquent.

    L’histoire des pandémies de grippe est liée au gène BTN3A3

    Toutefois, la capacité de résistancerésistance du gène BTN3A3 n'est pas infaillible. Tout d'abord, les virus de la grippe humaine saisonnière (qui nous infectent régulièrement) sont résistants à ce gène, ce qui signifie que ce dernier ne peut pas les bloquer avec succès. C'est également le cas d'autres virus de la grippe aviaire comme le H7N9, qui présente une mutation génétique lui permettant d'échapper aux effets bloquants du gène BTN3A3.

    « En retraçant l'histoire des pandémies de grippe humaine et en associant la résistance au gène à des types de virus clés, les chercheurs ont conclu que toutes les pandémies de grippe humaine, y compris la grippe espagnolegrippe espagnole de 1918 et la grippe porcinegrippe porcine de 2009, étaient dues à des souches résistantes au gène BTN3A3 », rapporte The Guardian.

    « Les virus sont en constante évolution et peuvent potentiellement surmonter certaines de ces barrières en mutant au fil du temps », a ajouté le professeur Palmarini. Par l'étude de l'évolution des souches de grippe aviaire, les scientifiques ont montré une augmentation du nombre de souches résistantes au gène BTN3A3 circulant dans la volaille, et ce à peu près au même moment que les événements de contagion chez l'humain.

    Représentation du virus de la grippe A (à ARN). © Dr_Microbe, Adobe Stock
    Représentation du virus de la grippe A (à ARN). © Dr_Microbe, Adobe Stock

    Surveiller les virus avant leur propagation

    Cette étude suggère que la résistance au gène BTN3A3 peut représenter un facteur clé pour déterminer si une souche de grippe a un potentiel de pandémie humaine. « C'est pourquoi la surveillance génétique des virus sera cruciale pour nous aider à mieux comprendre et contrôler la propagation des virus ayant un potentiel zoonotique et pandémique », avertissent les chercheurs.

    Le Dr Rute Maria Pinto, coauteure de l'étude, a ajouté : « L'identification des variants résistants au BTN3A3 dès leur apparition chez les oiseaux pourrait contribuer à prévenir les infections humaines. Les mesures de lutte contre les virus émergents de la grippe aviaire peuvent être adaptées spécifiquement à ceux qui sont résistants au BTN3A3, en plus d'autres caractéristiques génétiques connues pour être importantes pour la transmission zoonotique. »