Pour apprendre plus vite à jouer de la musique, il suffit d’écouter le morceau pendant qu'on dort. Attention, cela ne fonctionne que si la mélodie a déjà été interprétée une première fois. Ou comment une stimulation pendant le sommeil favorise l’apprentissage !


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    Apprendre en dormant. C'est un rêve, pour bien des personnes, que l'on maîtrisera peut-être un jour. Des travaux de chercheurs de la Northwestern University (Evanston, Illinois) vont dans ce sens : ils ont montré qu'écouter une mélodie diffusée durant le sommeil permettait à des musiciens de reproduire le morceau appris auparavant, en commettant moins d'erreurs.

    Comme le révèle l'étude publiée dans la version papier de Nature Neuroscience, seize volontaires, tous droitiers, ont accepté de se prêter à un test musical s'apparentant au célèbre jeu Guitar Hero. Lorsque l'ordinateurordinateur leur donnait la consigne, les participants devaient appuyer sur une touche de clavierclavier (q, s, d ou f) avec leur main gauche, de manière à générer une musique. Chacun apprenait deux airsairs différents.

    Après ce test, les cobayes étaient invités à faire une sieste de 90 minutes, des électrodesélectrodes sur le front afin d'enregistrer l'activité électrique de leur cerveau (électroencéphalogramme). Lorsque les volontaires atteignaient le sommeil à ondes lentes, une phase associée à un renforcement de la mémoire, les scientifiques diffusaient doucement l'une des deux mélodies apprises précédemment. À leur réveil, les apprentis musiciens devaient reprendre le jeu musical.

    La musique vient en dormant

    Pour les deux musiques, leurs prestations étaient devenues meilleures, preuve supplémentaire que le sommeil favorise l'apprentissage. Mais le principal enseignement de ce travail concerne le nombre de fautes commises sur le morceau qu'ils avaient écouté passivement durant leur sieste : il chutait de manière nettement plus significative. La stimulation pendant qu'on dort améliore donc la restitution des connaissances !

    Pour réaliser un électroencéphalogramme, on dispose sur la tête d'un patient un casque avec des électrodes qui vont enregistrer en direct l'activité électrique du cerveau et, plus particulièrement, du cortex cérébral. © Aschoeke, Wikipédia, cc by sa 3.0
    Pour réaliser un électroencéphalogramme, on dispose sur la tête d'un patient un casque avec des électrodes qui vont enregistrer en direct l'activité électrique du cerveau et, plus particulièrement, du cortex cérébral. © Aschoeke, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Grâce à l'électroencéphalogramme, les chercheurs ont noté l'émissionémission d'ondes électriques appelées « spindles », qu'on pense liées à la mémorisation, dans le cortexcortex prémoteur droit. Cette région du cerveau contrôle la motricité de la partie gauche du corps, y compris la main qui sert aux volontaires pour participer au test musical. Plus on détectait de « spindles », meilleures étaient les performances.

    Ce genre d'étude n'est pas sans rappeler la mode qui a sévi pendant un temps, quand certains s'endormaient en écoutant dans un casque une langue étrangère pour essayer de la mémoriser... Malheureusement sans trop de succès. Selon les auteurs, cet échec tient au fait que dans cette situation, on cherche à apprendre à partir d'un vide de connaissance, ce qui n'était pas le cas de cette expérience puisque les volontaires maîtrisaient les bases avant de s'endormir.

    Le sommeil, meilleur moment de la journée pour apprendre ?

    Désormais, les scientifiques espèrent mettre au jour les mécanismes cérébraux fondamentaux pour mieux comprendre ce fonctionnement. À terme, leur souhait est de développer des méthodes pour faciliter des apprentissages moteurs ou comportementaux et, donc, de sortir du spectrespectre uniquement musical. Mais nous n'en sommes pas encore là. 

    Cette étude n'est que très préliminaire et s'ajoute à celles montrant que des sons ou des odeurs favorisent la mémoire des lieux ou des objets. Cependant, de nombreuses questions restent sans réponses. Y a-t-il des limites à cet apprentissage ? Se fait-il au détriment d'un autre ? Et surtout, est-ce vraiment intéressant ?

    Robert Stickgold, chercheur à Harvard, se montre dubitatif et soutient l'idée que ce n'est pas parce qu'on dispose des moyens de le faire qu'il faut le faire. Selon lui, on risque de s'exposer à des problèmes en poussant son cerveau à focaliser son attention sur des aptitudes particulières. Se pose aussi la question de ce que nous devons écouter, mais aussi celle sur le timing précis. « J'ai tendance à penser que le sommeil est plus futé que nous », précise-t-il, soulignant l'idée que le cerveau sait de lui-même ce qu'il doit faire et qu'il ne vaut mieux pas tenter de le contrôler. Et puis avec une telle méthode, n'est-ce pas là l'occasion de faire un vrai lavage de cerveau ?

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