Depuis son émergence, la Covid-19 a tendance à éclipser les autres maladies infectieuses. Les bactéries résistantes aux antibiotiques ont participé au décès de plusieurs millions de personnes en 2019, selon une étude parue dans The Lancet, la plus large réalisée sur ce sujet à ce jour.


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    En 2019, les bactéries résistantes aux antibiotiques ont participé à la mort de 4,95 millions de personnes à travers le monde. Parmi elles, 1,2 million sont décédées directement des suites d'une infection par l'un de ces pathogènes. Ces chiffres inquiétants sont tirés d'une étude parue dans The Lancet, la première qui révèle le fléau de l'antibiorésistance à travers le monde. Si l'on avait les moyens de prévenir les infections par des bactéries résistantes, alors 4,95 millions de vies seraient préservées. Si ces infections étaient provoquées par des bactéries encore sensibles aux antibiotiques, alors 1,2 million de vies seraient épargnées.

    Six germes impliqués dans les trois-quarts des décès

    Le fléau n'épargne aucun continent, mais son poids est plus ou moins lourd selon les régions. Les pays d'Afrique subsaharienne de l'Ouest sont les plus touchés. Là-bas, 27,3 morts pour 100.000 habitants (tous âges confondus) sont attribuables à des germesgermes résistants aux antibiotiques. Alors que l'Australasie, qui regroupe l'Australie, la Nouvelle-Zélande et généralement la Nouvelle-Guinée, est la région du monde où les décès dus à l'antibiorésistance sont les plus faibles, 6,5 morts pour 100.000 habitants (tous âges confondus).

    Le plus souvent, les personnes infectées par une bactérie résistante décèdent d'une infection des voies respiratoires basses, intra-abdominale, ou du sang. Ces trois syndromes inflammatoires sont responsables à eux seuls de 78,8 % des morts dues aux bactéries résistantes en 2019. Les trois-quarts (73,4 %) des décès sont dus à seulement six agents pathogènes. Les Escherichia coliEscherichia coli résistants sont les plus meurtriers, suivis des Staphylococcus aureusStaphylococcus aureusKlebsiella pneumoniaeKlebsiella pneumoniae, Streptococcus pneumoniaeStreptococcus pneumoniae, AcinetobacterAcinetobacter baumannii, et PseudomonasPseudomonas aeruginosa. La résistancerésistance de la méticilline des S. aureus est la plus difficile à contrer. À elle seule, elle est responsable de 100.000 morts en 2019. D'ailleurs, il s'agit de la bactérie plus létale dans les pays développés, avec E.coli, tandis que les pays pauvres doivent plutôt lutter contre S. pneumoniae et K. pneumoniae.

    Les décès attribués ou associés à des bactéries résistantes aux antibiotiques dans le monde, pour toutes les tranches d'âge confondues. © <em>The Lancet</em>
    Les décès attribués ou associés à des bactéries résistantes aux antibiotiques dans le monde, pour toutes les tranches d'âge confondues. © The Lancet

    Quelles solutions ?

    Quelles sont les solutions disponibles pour endiguer ce fléau ? L'étude parue dans The Lancet propose plusieurs axes de réflexion. La création de vaccinvaccin contre ces bactéries permettrait de réduire l'utilisation des antibiotiques, pour le moment seul un vaccin contre S. pneumoniae est disponible, tout comme limiter la prescription d'antibiotique quand ils ne sont pas nécessaires à l'amélioration de notre état de santé - dans le cas d'une infection virale par exemple. Si cette étude se veut la plus complète produite à ce jour, elle contient quelques manques. Pour 19 des 204 pays et territoires inclus, aucune donnée n'était disponible. Le poids de l'antibiorésistance dans certaines régions a pu donc être sous-estimé. La résistance des bactéries aux antibiotiques est un problème de santé publique majeur. Trouver des alternatives pour s'en débarrasser, tout en limitant l'apparition de nouvelle résistance, est primordial.