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    Une stratégie utilisée par de nombreux organismes susceptibles de servir de proie est le camouflage. Chez les gastéropodesgastéropodes et bivalvesbivalves, il résulte de deux processus. Soit un camouflage actif dans lequel l'animal se recouvre d'objets empruntés à son environnement, soit un camouflage passif dans lequel des organismes viennent se fixer sur la coquille sans qu'aucune action du mollusquemollusque ne soit perceptible.

    <em>Xenophora pallidula</em>. © Daderot, <em>Wikimedia commons</em>, DP
    Xenophora pallidula. © Daderot, Wikimedia commons, DP

    Un bel exemple de camouflage actif est offert par Xenophora conchyliophora. Chez cette espèceespèce, l'animal tout au long de sa croissance se décore de débris divers tels que des fragments de coquilles, des branches de coraux, ou des petits cailloux. Il semble que cette constructionconstruction surprenante résulte de l'activité du manteaumanteau qui, en même temps qu'il construit la coquille, colle les éléments rencontrés dans son environnement proche.

    Fig. 7 : <em>Xenophora conchyliophora.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 7 : Xenophora conchyliophora. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Un camouflage artistique

    Il s'agit là, comme nous venons de le dire, d'un processus surprenant en lui-même mais le plus étonnant est qu'il aboutit à l'édification d'un tableau d'art abstrait, voire à une composition de Giuseppe Arcimboldo, comme le montre la Fig. 7.

    Le camouflage passif est moins spectaculaire dans son mécanisme puisqu'il s'agit d'une simple fixation sur la coquille d'organismes végétaux ou animaux qui pourraient se fixer sur n'importe quel autre support. Le résultat n'en est pas moins de dissimuler efficacement le mollusque à ses prédateurs.

    Fig. 8 : <em>Pterynotus phyllopterus.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 8 : Pterynotus phyllopterus. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Nous donnons ici l'exemple du gastéropode Pterynotus phyllopterus, photographié dans son milieu naturel et pratiquement invisible même à un œilœil exercé (Fig. 8), et celui du bivalve Pinctada imbricata (Fig. 9) qui ne se révèle guère que lorsque les valves sont entrouvertes. 

    Fig. 9 : <em>Pinctada imbricata.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 9 : Pinctada imbricata. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    On doit signaler un fait curieux. Si l'on extrait ces animaux de leurs milieux et si l'on nettoie la coquille, il apparaît dans beaucoup de cas un test brillamment coloré. (Fig.10 et 11).

    Fig. 10 : <em>Pterynotus phyllopterus.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 10 : Pterynotus phyllopterus. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 11 : <em>Pinctada imbricata.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 11 : Pinctada imbricata. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Des coquillages en tenue de camouflage

    Cette observation n'est pas dépourvue d'intérêt pour ce qui est des mécanismes de l'évolution : on pourrait au premier abord imaginer que l'ornementation de la coquille est impliquée dans la protection vis-à-vis des prédateurs alors que, invisible du vivant de l'animal, elle ne peut en aucun cas être suspectée d'avoir une pareille fonction.

    Une situation un peu particulière est illustrée par l'observation du test de certaines espèces de cônescônes comme le Conus boui. Cette espèce, comme sa cousine Conus daucus, possède un periostracum très développé. Ce periostracum, sorte de « peau » faite de matière organique, correspond à la couche la plus externe de la coquille (comparer sur la figure 12 la photo de gauche avec celle de droite dont le periostracum a été éliminé).

    Fig. 12 : <em>Conus boui.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 12 : Conus boui. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Ornée de petites touffes de poils plus ou moins allongés, cette peau externe piège les fines particules de sablesable et de vase et contribue de ce fait à parfaire le camouflage du coquillage dans son milieu naturel (Fig.13).

    Fig. 13 : <em>Conus daucus.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 13 : Conus daucus. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Là encore, si la coquille des cônes est soigneusement nettoyée, on peut voir apparaître une magnifique palette de dessins et de couleurs à laquelle on ne peut attacher a priori une quelconque valeur adaptativevaleur adaptative.

    Fig. 14 : <em>Conus daucus.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 14 : Conus daucus. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés

    Ces explosions de motifs colorés sont particulièrement spectaculaires chez Conus daucus (Fig. 14) et Conus norai (Fig. 15).

    Fig. 15 : <em>Conus norai.</em> © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés
    Fig. 15 : Conus norai. © Jean-Pierre Pointier - Tous droits réservés