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    Dans les Yungas, l'habitat, c'est au mieux une maison en torchis délavée au fil des saisonssaisons des pluies, au pire une cabane en planches ouvertes à tous les ventsvents. La brique est encore le signe d'un privilège. Le régime alimentaire, c'est à chaque repas un gros monticule de riz, quelques bananesbananes desséchées et un peu de sauce pour faire passer le tout. La viande est souvent un signe de luxe.

    Route « Ruta de los bicis ».© Michael Fernando Jauregui Schiffelmann, <em>Wikimedia commons,</em> CC by 2.0

    Route « Ruta de los bicis ».© Michael Fernando Jauregui Schiffelmann, Wikimedia commons, CC by 2.0

    Pour les communautés dont la coopérative est certifiée par Max HavelaarMax Havelaar, le prix juste et stable commence à faire son effet. Quand, au bout d'heures à cheminer sur des pistes poussiéreuses, on arrive dans le bourg central d'une colonie, on peut présumer d'un coup d'oeil son ancienneté dans le commerce équitablecommerce équitable. Après quelques années, les maisons de briques coquettement enduites de jaune et de bordeaux remplacent progressivement les masures en planches. Les poteaux électriques jalonnent ce qui commence à ressembler à des rues.

    Rue du village de la coopérative Mejillones. Grâce à la prime de développement du commerce équitable, la coopérative a pu avancer un apport financier afin de cofinancer l'électrification du village.<br />© Max Haavelar - Bruno Fert - Tous droits réservés

    Rue du village de la coopérative Mejillones. Grâce à la prime de développement du commerce équitable, la coopérative a pu avancer un apport financier afin de cofinancer l'électrification du village.
    © Max Haavelar - Bruno Fert - Tous droits réservés

    Grâce à l'apport de la prime de développement, les coopératives peuvent solliciter des cofinancements des pouvoirs publics pour, par exemple, installer l'eau potable. La coopérative, instance centrale de la vie commune, s'équipe de salles de réunion, d'ordinateursordinateurs, et souvent, d'une petite usine de transformation.

    - Meilleur revenu

    En 2005, une étude d'AVSF a montré que les revenus des producteurs certifiés des Yungas ont varié en moyenne de 1 600 à 2 700 € par an, alors que ceux qui vendaient leur café sur le marché local ou en café biologique oscillent plutôt entre 320 et 595 €.

    Comme point de repère, l'étude montre qu'une famille de cette région avec deux enfants a besoin de 675 € par an pour survivre. Survivre, c'est le fait de pouvoir acheter des aliments et différents produits de base au marché. Elle estime aussi que 1 430 € sont nécessaires pour avoir une vie « digne et durable », c'est-à-dire les moyens de financer des études des enfants et en général d'être en capacité d'investir pour l'avenir.

    - Confort de base

    A Antofagasta, Policarpio Mamani Yana supervise l'avancée des fondations de sa maison. Trois maçons coulent du ciment tandis que des palettes de briques creuses attendent leur heure. Policarpio reçoit encore dans son ancienne habitation, un espace commun clos par une palissade de planches juxtaposées au milieu desquelles une paillasse matérialise la chambre. À côté, dans un réduit, son épouse fait mijoter une marmite en alu au-dessus d'un petit brasier. « C'est un peu incommode, minimise-t-il. Quand il pleut, l'eau passe à travers les planches. » Sa nouvelle maison, elle, disposera de tout ce qu'on peut considérer comme le confort de base : « Elle fera 48 mètres carrés, avec l'eau courante, l'électricité, une cuisine, une chambre séparée pour les enfants, et une autre encore pour recevoir la famille et les amis de l'Altiplano ». Pour le financement, Policarpio n'a pas emprunté un seul peso boliviano : il a simplement mis de l'argent de côté durant trois récoltes successives. Pour lui, plus question de survivre au jour le jour : le temps est venu d'investir.