Comme les citadins, les oiseaux des villes dorment moins que leurs homologues campagnards. Leur sommeil est troublé par la pollution sonore et visuelle infligée par l’activité humaine. Il semble que l’activité urbaine ait modifié leur horloge interne, les conduisant à vivre plus vite que les autres.

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    Les citadins vivent plus rapidement que les campagnards. Les nuits sont souvent plus courtes pour les habitants des villes mais, surtout, elles sont de moins bonne qualité en raison de la pollution sonore et lumineuse. Le rythme circadienrythme circadien en est nécessairement altéré. Le cycle veille-sommeilsommeil est le plus dégradé. S'il est difficile d'évaluer l'influence des troubles de l'horloge biologique sur le comportement de l'Homme, des études suggèrent que certaines maladies psychiatriques pourraient bien y trouver leur source. L'exposition à la lumièrelumière, induisant une modification du rythme de la mélatoninemélatonine, peut par exemple favoriser la dépression saisonnièredépression saisonnière.

    Tout animal a son rythme circadien. Et l'Homme n'est pas le seul à voir le sien modifié en raison de l'activité urbaine. Il semble que l'horloge biologiquehorloge biologique des oiseaux soit directement altérée par la lumière et les bruits de la cité. Des études avaient déjà montré que le chant des oiseaux des villes changeait, et que les individus adoptaient de plus en plus un rythme nocturne. Mais la question était de déterminer s'ils changent de rythme de vie directement en réponse au bruit de la ville, ou si leur horloge interne est modifiée.

    Le merle noir (<em>Turdus merula</em>) niche en Afrique du Nord, en Asie et en Europe. On dit que le merle siffle, flûte ou babille. Il chante de mars à juin. © PierreSelim, Wikimedia Commons, cc by 3.0

    Le merle noir (Turdus merula) niche en Afrique du Nord, en Asie et en Europe. On dit que le merle siffle, flûte ou babille. Il chante de mars à juin. © PierreSelim, Wikimedia Commons, cc by 3.0

    Pour répondre à cela, des chercheurs ont étudié la différence de comportement entre un merle noir ayant élu domicile à Munich, en Allemagne, à celui du merle noir des forêts sauvages. Ils ont placé sur ces oiseaux de petits appareils de 2,2 grammes, avec microphone et émetteur radio, et ont surveillé leur activité durant trois semaines. En moyenne, les oiseaux sauvages commençaient à chanter à l'aubeaube, et les oiseaux citadins les précédaient de 29 minutes. Par ailleurs, ces derniers chantaient six minutes de plus en soirée. Les résultats des chercheurs sont publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B.

    Le rythme des merles noirs des villes ne tient plus les 24 heures

    La différence de comportement entre les oiseaux des villes et les oiseaux des champs est notable. Mais pour déterminer si la modification du comportement est bien d'origine physiologique (liée à un changement dans l'horloge biologique), les scientifiques ont pris ces mêmes oiseaux et les ont installés dans des boîtes insonorisées. Ils ont laissé une lumière tamisée constamment en marche, de sorte que les oiseaux n'étaient plus en mesure de se repérer temporellement, de distinguer les phases de nuit et de jour.

    Durant dix jours, les oiseaux ont donc dû s'adapter et maintenir tant bien que mal leur horloge biologique. Dans les premiers jours, les oiseaux des villes avaient un rythme circadien largement plus rapide que les autres, 50 minutes de moins par rapport au cycle de 24 heures des oiseaux des champs. Par ailleurs, le rythme des oiseaux citadins s'est vite modifié, les oiseaux adoptant des périodes de repos et d'activité plus irrégulières que leurs homologues des champs.

    Ce constat présente un aspect positif. L'oiseau des villes s'adapte plus facilement à la perturbation de son horloge biologique que les oiseaux sauvages. Il montre donc qu'il peut s'adapter aux pollutions urbaines plus facilement qu'un oiseau sauvage. Mais il est probable qu'une telle modification du rythme peut avoir des effets sur la santé du merle noir. Les oiseaux des villes dorment moins, et s'ils ne compensent pas par une sieste pendant la journée ou en dormantdormant plus profondément la nuit, le manque de sommeil pourrait bien réduire leurs capacités cognitives ou raccourcir leur duréedurée de vie.