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Les chercheurs de la Duke University, en Caroline du Nord, sont partis du constat selon lequel les jeunes oiseaux mémorisent d'abord les sons qu'ils entendent avant de les reproduire. À première vue, rien d'étonnant. « Les humains procèdent exactement de la même façon », nous a expliqué Stephen Nowicki, l'un des auteurs de ce travail publié dans Biology Letters.
Pour mesurer l'impact de l'environnement sur l'apprentissage du chant, les scientifiques ont élevé des bruants dans une pièce totalement insonorisée. Impossible donc pour ces oisillons, d'entendre (et de connaître) les sons qui font vivre le monde extérieur. Deux fois par jour, durant douze semaines, seize types de chant de mâles de leur espèce leur ont été diffusés. Huit d'entre eux reprenaient un chant isolé de son contexte, alors que les huit autres étaient mêlés à des bruits parasites : le bruit du ventvent, celui du trafic routier et tous les sons de la nature.
Les expériences sur l'apprentissage des chants par de jeunes oiseaux ont été menées sur des bruants des marais, Melospiza georgiana. Ces petits animaux vivent dans le Nord des États-Unis et au Canada. © Cephas, Wikimedia Common, CC by-sa 3.0
Les oisillons ont une préférence pour les sons purs… en laboratoire
Résultat, tous les bruants ont choisi de reproduire les morceaux qui n'avaient pas été pollués par des sons étrangers au monde aviaire. Pour les chercheurs, pas de doute, « si vous leur laissez le choix, les oisillons apprendront à partir de sons clairs, non pollués par d'autres sonorités ».
Le problème est que dans la nature les bruits sont très nombreux. « En effet, la nature peut amplifier les sons ou, au contraire, les atténuer », continue Stephen Nowicki. Dans une forêt, par exemple, les feuilles des arbresarbres provoquent une réverbération sonore. Le son rebondit. Il est alors dégradé par rapport à un même bruit émis dans un pré. L'étude montre donc que l'environnement interfère avec les sons émis par un oiseauoiseau, et donc sur la façon dont la chanson sera assimilée par les oisillons. Ces derniers choisiront de reproduire ceux qu'ils perçoivent le mieux, « celui qui leur paraît le plus clair », conclut Stephen Nowicki. « Ce qui explique la multitude des gazouillis et les variantes que l'on peut rencontrer entre les oiseaux des villes et ceux de la campagne. »