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Le dauphin du Yangzi (Lipotes vexilliferLipotes vexillifer)), la kitti à neznez de porc (Craseonycteris thonglongyai) et l'échidné à bec courbe (genre Zaglossus) sont des mammifères pour le moins atypiques. Le premier est le plus rare des cétacés, le deuxième est le plus petit animal poilu, et le troisième pond des œufs. Ils partagent néanmoins un point commun : leur survie sur notre planète est gravement menacée. Toutes ces caractéristiques leur ont valu d'être inscrits dans le programme EdgeEdge of Existence, créé par la Société zoologique de Londres (ZSL, Zoological Society of London).
En lançant cette initiative, la ZSL a voulu attirer l'attention du public et des chercheurs sur des espèces méconnues, mais uniques en raison de leur apparence, de leur mode de vie ou de leur comportement. Deux tops 100, l'un pour les mammifères et l'autre pour les amphibiens, ont été dressés pour souligner les taxons les plus à risque, pour lesquels il serait temps d'envisager des programmes de conservation conséquents, ou de renforcer ceux qui existent déjà.
Cartographie mondiale de la richesse en espèces d'amphibiens présentant des traits évolutifs uniques, et qui sont menacées d'extinction. © Safi et al., 2013, Plos One
La toute première carte mondiale présentant les zones géographiques qui abritent le plus d'animaux Edge (pour Evolutionarily Distinct and Globally Endangered) vient d'être publiée dans la revue Plos One par Kamran Safi (Max PlanckMax Planck Institute for Ornithology). Elle peut également être visionnée dans sa version interactive sur le site du projet. Globalement, c'est en Asie du Sud-Est, à Madagascar et dans le sud de l'Afrique que les mammifères Edge sont le plus présents. Pour leur part, les amphibiens Edge vivent principalement en Amérique centrale et en Amérique du Sud.
Une cartographie alarmante des animaux extraordinaires
Cette cartographie, qui a tenu compte de toutes les espèces Edge et des dangers auxquels elles doivent faire face, souligne un fait « alarmant », selon Jonathan Baillie, de la ZSL, puisque seules 5 % et 15 % des zones abritant respectivement des mammifères et des amphibiens Edge sont protégées.
Cartographie mondiale de la richesse en espèces de mammifères qui présentent des traits évolutifs uniques et qui sont menacées d'extinction. © Safi et al., 2013, Plos One
Par exemple, le cas du vari noir et blanc (Varecia variegata), le plus grand des lémuriens, pose question à Madagascar. Cet animal qui vit dans des forêts humides doit faire face à la destruction progressive de son habitat par des bûcherons, des agriculteurs ou des mineurs. En Asie du Sud-Est, c'est plutôt la situation du pangolin de Malaisie (Manis javanica) qui tracasse. En effet, il est chassé pour sa chair fine, et ses écailles sont réputées avoir des vertus médicinales. Notons la présence des gorillesgorilles des plaines de l'ouest (Gorilla gorilla gorilla) parmi le top 100 des mammifères recensés par le programme Edge of Existence.
Les amphibiens afficheraient le plus grand taux d'extinction parmi les vertébrésvertébrés actuels. L'axolotl (Ambystoma mexicanum) serait par exemple mis à mal par l'urbanisation, la pollution de l'eau et l'arrivée de poissons invasifs qui se nourrissent de ses larveslarves. Grâce à la nouvelle carte, nous savons désormais où concentrer les efforts au Mexique, au Costa Rica et au Guatemala pour lui venir en aide. Il est dommage que cette carte ne concerne que les 100 espèces de mammifères et d'amphibiens les plus « extraordinaires ».